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Le divorce

Quand j'étais jeune, je crois que je gérais assez bien mes papiers. Aujourd'hui je suis toujours à la bourre pour les tâches administratives domestiques. Au boulot, mes dossiers sont bien tenus, j'y mets un point d'honneur et mes équipes m'y aident. On est plutôt bons. A la maison, je laisse parfois passer des choses, ce qui m'oblige à rédiger ensuite des courriers administratifs d'explication. Et parfois même à m'asseoir sur des remboursements, de la mutuelle par exemple, mais des faibles montants bien sûr. Ou encore, je dépends toujours de la CAF d'Ile-et-Vilaine car je n'ai toujours pas fait mon changement d'adresse, depuis janvier 2014.

Pour le divorce, c'est pire encore. Je fais un blocage total sur la gestion administrative. Je n'avance pas. Je fais la politique de l'autruche.

Je ne sais pas pourquoi.

D'aucun dirait, en faisant une psychanalyse à deux sous, que je refuse de divorcer. Pourtant, honnêtement, je n'ai pas l'impression de cela. Parfois je repense à PN, avant qu'il ne se révèle PN. Je ne cherche pas à refaire l'histoire ou à me faire un film. On dit aussi que le cerveau ne se souvient que des bons moments.

Je suis divorcée depuis le 27/03/15. Je m'en suis rendue compte le 10/07/15 en allant à la mairie de la commune de mariage pour faire apposer la mention "DIVORCEE" sur le livret de famille. Le courrier m'avait été envoyé depuis avril par mon avocate. Je ne l'avais même pas lu.

Les courriers de non-conciliation, les PV de jugement, les courriers d'huissiers de PN, je ne les ai ouverts que des jours, des semaines, voire des mois après. Et jamais seule. Le courrier des huissiers arrivé le 1er juillet, je l'ai ouvert devant ma conseillère en banque le 7/07/15. Une lettre des impôts au nom de PN arrivée chez moi, je l'ai ouverte devant mon avocate à notre RDV du 10/07/15. Il s'agissait d'une amende pour une infraction que j'avais commise (la voiture est au nom des 2, mais comme le titre (Monsieur/madame) n'était pas mentionné, je croyais que c'était un courrier pour lui.

Paralysie

Je ne sais absolument pas à quoi est due cette inertie, cette paralysie devant les courriers. Cela me bloque à un tel point ! J'ai une capacité à mettre des oeillères et à laisser de côté. Je n'oublie pas vraiment mais cela me stresse de façon sourde et continue.

Pour le courrier que PN m'a transmis par voie d'huissier, c'était une assignation au TGD pour liquidation du divorce. EN bref, PN b-veut vendre la maison et récupérer son argent. En janvier 2013 déjà, il m'avait envoyé les huissiers. Mon avocate m'avait bien expliqué qu'il s'agissait une mesure d'intimidation. J'en était-s toute retournée, cela m'avait même fait chialer. Cette fois-ci aussi, je le savais. Mais malgré cela, j'ai eu une boule au ventre toute la journée du 8/07. Une grosse angoisse qui m'empêchait de respirer. J'ai fait de l la méditation mais cela n'est pas parti. Je suis restée dans cette anxiété durant 2 jours. J'avais la poitrine oppressée. Un malaise diffus. Comme un mal de vivre aussi. J'avais contacté mes fidèles amies Inge et Frédo mais aucune n'était disponible pour me voir, je ne leur avais pas donné la raison de mon appel. Le soir j'ai eu une conversation avec un nouvel ami, ce qui m'a un peu détendue. mais pas plus que cela. Je n'ai pas voulu appeler mon prof de méditation car je voulais résoudre cela seule. Il m'était déjà arrivé de le contacter pour des questions importantes que je n'arrivais pas à résoudre, il est souvent d'une grande aide.

Je n'ai pas cherché à comprendre pourquoi je ressentais cela. Je me disais que cela passerait.

La semaine avait été très dure. j'étais en vacances le 3/07 au soir. J'avais réagi très vite à la réception du courrier de l'avis de passage des huissiers. J'en devinais la raison sans connaître le contenu de l'assignation au TGI. Le vendredi soir, j'avais déjà RDV avec un agent immobilier pour une estimation de la maison, le mardi 7/07, un RDV avec la banque pour une simulation de prêt immobilier (cela passe cette année, tandis que l'année dernière j'avais un taux d'endettement de 46% puis 41% dans le meilleur des cas en tirant sur la corde !), Un RDV le mercredi 9/07 avec le notaire, mais qui a été décalé au 8/07, pour être reoussé d'une heure, et finalement pour être annulé ! Et enfin, un RDV de justesse avec mon avocate, qui a répondu aussitôt à mon appel. Nus avons réussi à nous voir avant qu'elle ne parte en vacances.

L'avocate punchy

Mon avocate me suit depuis 2011, je l'avais rencontrée en juillet 2011 à l'association de lutte contre les violences faites aux femmes. J'avais oublié que cela remontait à si loin, c'est elle qui me l'avait rappelée.

Depuis toujours elle s'est montrée combattive. J'ignore comment elle fait pour être si égale jours après jours. Elle doit rencontrer des situations pas faciles voire dramatiques. Son métier doit être une vocation, un peu comme les médecins dans les hôpitaux où j'ai travaillé, ils sont endurcis face aux situations et continuent leur travail, de la meilleure façon possible. Mon avocate aussi sauve des vies.

Au cours de ce RDV, nous avons pris un peu plus de temps que d'habitude pour parler d'autres choses que la procédure. Elle le fait systématiquement en introduction, prend de mes nouvelles, de celles de mes enfants, de mon travail, etc. Je sais bien que c'est une entrée en matière, une façon d'instaurer le dialogue et la confiance. Je le fais aussi parfois dans le cadre de mes fonctions. Mais cette fois-ci c'était différent. Nous avons même parlé d'elle.

Je l'ai regardée attentivement, peut-être pour la première fois. Cette femme hyper dynamique, qui parle beaucoup, qui connaît bien ses dossiers, qui mémorise tout ce qui a trait à son client, cette femme, je l'ai regardée avec attention. L'image s'est ralentie. De grands yeux bruns pétillants et féminins, des yeux qui ne cachent rien, un regard direct. On dirait une actrice italienne. Toujours coquette. Toujours le sourire, peut-être parfois forcé, pour apporter de la confiance et de l'espoir à son interlocuteur. Pas une once de doute ne transparaît. On la sent comme un roc. C'est ce qu'il nous faut, à nous les femmes qui avons été rabaissées et humiliées. Et qui parfois ne tenons même plus debout.

Nous parlons de mon incapacité à gérer les "paperasses" liées au divorce. Elle me dit que c'est peut-être dû au traumatisme de ma vie d'avant, celle avec PN. Un retour à toute cette période effroyable. Je pleure doucement en évoquant cela. Juste des larmes silencieuses. Mais qui n'étaient pas sorties depuis des mois. Tout à coup je sens la boule au ventre disparaître. Je suis plus légère. Je lui dis que ce qu'elle fait est bien. Je la remercie. Je sens une immense vague de compassion et de gratitude envers elle.

Je ressors de l'entretien un peu groggy. Je m'assois sur un banc en respirant calmement et en ressentant la fraîcheur du vent dans cette fin d'après-midi caniculaire.

 

 

 

 

Commentaires

  • Ma fille aussi quand elle voyait son avocate, elle se sentait mieux. C'est bon de rencontrer des gens à la fois professionnels et humains.

  • Il est difficile de comprendre "la procrastination" mais je pense qu'elle est liée à un état dépressif , qui fait vivre dans une torpeur dont on a du mal à sortir.
    Ah! si tu pouvais partir loin de cet environnement. J'espère que tu vas avoir droit à quelques semaines de vacances...

  • Bonjour Elisa,

    Tu ne crois pas si bien dire ! Tu as lâché le mot DEPRESSION.

    Je croyais en être sortie depuis longtemps, d'autant que je me suis mise de façon sérieuse à la méditation. On dit que la méditation peut être une bonne réponse à la dépression, mais pas la dépression lourde qui demeure une maladie.

    Ce mot DEPRESSION m'est revenu précisément mardi 21 juillet. Durant 2 jours continus, je me suis retrouvée angoissée, sans arriver à comprendre pourquoi. C'était un état que j'ai connu il y a 8 ans, en 2007. Une anne charnière de ma vie.

    Je ferai une note sur la dépression.

    Bien à toi
    Lola

  • Bonsoir,
    Je suis votre blog depuis pas mal de temps, un peu comme un repère avec l'espoir qu'un jour , tout ce passé encombrant va vraiment devenir "passé". J'ai, enfin , je vais avoir 59 ans bientôt. J'ai quitté mon ex mari il y a 6 ans maintenant après 32 ans de mariage, un peu comme une fuite, mourir ou vivre. Je me retrouve beaucoup dans ce que vous racontez de votre ressenti face à ce type de personne destructrice. J'ai perdu l'affection de mes enfants que leur père manipule contre moi. Mes 2 fils ont changés d'adresse sans que je puisse savoir où ils habitent, ma fille me ment sans cesse pour "plaire" à son père. Mon divorce n'en finit pas et comme vous, chaque fois que je vois une lettre de mon avocate c'est difficile.

  • Bonjour Mimi,

    Je vous remercie de votre message qui m'a beaucoup touchée.

    Il n'y a pas de temps ou d'âge pour quitter les PERVERS NARCISSIQUES. A partir du moment où l'on se rend compte que l'on est dans une situation d'emprise et de manipulation, c'est la seule chose à faire. Mourir ou vivre, comme vous le dites. Et vous avez choisi la VIE. Parce qu'il y a de la graine de vie en vous, une autre vie bien plus belle. Forcément bien plus belle.
    Et il y a ce passé qui nous rattrape, les procédures, les papiers, etc. Ce sont des passages nécessaires pour terminer cette histoire. C'est une étape que je ne sais pas gérer, vous m'avez lue.

    J'imagine, que c'est un peu comme organiser des obsèques, pour enterrer une vie. On ne sait pas faire cela, on n'a jamais été préparés. On doit se faire violence pour en finir avec les formalités.

    Amicalement,
    Lola

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