1 an d'amour

On peut avoir été fracassée par un Pervers Narcissique (appelé ici PN). On peut avoir subi toutes les humiliations, les injures et les tortures psychologiques. On peut avoir pleuré toutes les larmes de son corps. On peut avoir pensé que la mort serait plus douce. On peut avoir tout perdu. On peut se retrouver seule avec ses enfants. On peut avoir à reconstruire chaque pan de sa vie. On peut s'être construit une armure de défense inoxydable. On peut avoir à retisser des liens avec de nouvelles personnes. On peut avoir à batailler pour trouver un travail qui nous permette de survivre.

PN ne nous aura pas eue. PN aura perdu. PN aura trouvé plus forte que lui. PN nous aura même aguerrie. Il nous aura conduite à rechercher le meilleur au fond de nous-même. A aller à la quête de la moindre once d'espoir. A déterrer le plus beau de nous-même, le plus lumineux. Le bon. Le fort.

Il y a une phrase que j'aime beaucoup : "Ils ont essayé de nous enterrer, ils ignoraient que nous étions des graines."

Mes 10 années de souffrance avec PN m'ont conduite à chercher à devenir meilleure. A refuser obstinément de faire du mal à autrui. A aller vers l'entraide et la bienveillance.

Aujourd'hui je suis une personne bonne. Et lucide. Plus prudente, très certainement.

Et cet état d'esprit de sérénité, de calme et de patience m'a fait attirer sur mon chemin un homme bon. Il n'est pas venu par hasard. Je lui ai laissé la place dans ma vie pour qu'il surgisse. Comme un "appel d'air", selon les mots d'un camarade de méditation.

Cet homme m'accompagne sur mon chemin depuis un an. Août est le mois de notre rencontre, le jour où nous avons ôté le voile de "l'amitié". Nous avions déjà des valeurs communes, des envies de spiritualité. Puis nous avons affirmé notre envie de créer et nourrir une relation de qualité, fondée sur le respect, la bienveillance et l'amour sans jugement.

Cet homme m'a redonné la confiance en l'Autre. Je le sais sincère. Je le sais authentique. Je le sais bon. Je le sais honnête. Rapidement je lui avais confié que je me mettais à nu devant lui. Que je ne cachais rien. Que je ne feignais jamais. Que s'il avait la moindre intention de me faire du mal, alors il me blesserait. C'était mon choix de baisser toute arme, de déposer mon armure (cf. le livre Le Chevalier à l'armure rouillée). Parce qu'il me donnait confiance.

Dans le quotidien, cet homme, Kistuné, est à l'opposé de PN. Il m'embrasse, m'étreint, me regarde dans les yeux pleinement. Au début de ma relation avec PN, celui-ci m'embrassait goulûment et m'étreignait avec maladresse. Ensuite il lui arrivait de me faire des smacks du bout des lèvres, puis plus du tout. Les étreintes se sont vite arrêtées. J'avais commencé à frayer avec PN en 1994. Je me souviens du jour où nous nous étions rejoints dans le bus pour nous rendre chez mes parents afin de leur présenter PN officiellement. Mes parents étaient très vieux jeu et difficiles, j'étais un peu intimidée. Dans l'autobus, j'ai pris le bras de PN mais son corps était resté raide et immobile. Je me souviens aussi un jour au début des années 2000, nous avions déjà nos 3 enfants, j'étais assise dans le canapé à côté de PN. J'ai eu envie de passer mon bras autour de ses épaules. Un mouvement de tendresse soudain d'une femme à son mari. Mais PN a fait un mouvement d'épaule pour se dégager de mon accolade. Il ne supporte pas les gestes d'affection. D'aucun dirait qu'il n'a pas reçu de tendresse étant enfant et donc qu'il était incapable d'en donner. Pour autant, enfant, je n'ai moi-même pas eu de gestes tendres de ma mère et je suis très affectueuse aujourd'hui.

Je le disais, Kistuné est à l'opposé de PN. Kitsuné dit que mes baisers sont magiques, nous nous embrassons en pleine conscience. Nous faisons tout en pleine conscience. En pleine conscience de notre environnement, des sons, des parfums, de nos émotions et dans l'amour inconditionnel de l'Autre. Kistuné m'étreint sans cesse. Nous sommes en contact permanent, toujours une caresse, une sourire, un frôlement de main dans le dos, ou du bout des doigts sur le pull. Constamment un lien très tendre.

Et surtout Kitsuné me donne/prend la main dans la rue. C'est totalement inconnu pour moi. A notre première promenade, Kistuné a attrapé ma main, et celle-ci s'est retrouvée bien gauche, un peu tordue. C'était totalement inhabituel pour elle. Très vite, dans la rue, nos mains s'attirent comme des aimants. Donner la main à Kistuné représente un tel bonheur pour moi. C'est la certitude que je compte pour l'Autre. Que nous sommes liés. Que c'est l'amour qui passe d'un être à l'autre. Je me sens tellement aimée. Confiante. Rassérénée.