Week end du 18/11/11
"Putain elle reste à la maison demain celle-là. On peut même pas être tranquille !"
Vendredi 18/11/11
Le matin PN prépare son gros sac pour son week-end de séminaire au Touquet, il part rejoindre un collègue qui habite dans une ville voisine et qui conduira. PN quitte la maison en même temps que nous. Joie à l'idée de son absence ce week-end.
Le soir, comme son père n'est pas là, l'Aînée demande si elle peut inviter 2 copines à dormir. Elle souhaite en profiter vu qu'elle ne va plus les voir pendant 6 mois, dit-elle. Sur le conseil de mon psy, j'accède à sa demande pour ne pas l'étouffer mais en la responsabilisant.
Après être allée chercher Jumeau au foot, on met la table avec les grandes filles. Je sors les restes d'un buffet italien que j'étais chargée d'organiser à l'hôpital. A table, je reste discuter 2 heures avec les filles. On aborde les sujets de leur âge, notamment les relations mère-ado, les filles me donnent leurs points de vue et moi les miens. Evidemment, rien n'a changé depuis des siècles, c'est toujours une histoire de liberté et d'autonomie, les uns se sentant brimés et incompris et les autres dépassés et tout aussi incompris. L'une d'elles, celle que je vois pour la première fois, me dit que je suis une mère cool avec qui on peut parler de certains sujets. Pourtant je ne suis pas une mère cool, plutôt stricte, mais on peut discuter. Je leur laisse ma chambre, elles dorment toutes les 3 dans le clic-clac.
Samedi 19/11/11
Le lendemain matin, réveil tardif et tranquille. Vers midi, les filles rentrent chez elles tandis que je conduis l'Aînée chez l'orthodontiste en compagnie de Jumelle. Jumeau a un match de foot, il doit se rendre tout seul au stade.
L'après-midi, L. la meilleure amie de ma fille qui a passé la nuit à la maison propose qu'on aille faire du shopping dans le nouveau centre commercial que sa mère ne connaît pas. Sa mère est une amie, elle m'avait transmis les coordonnées de ma psychothérapeute dès 2006, c'est une personne lumineuse et bienveillante. Nous partons faire du lèche-vitrine ensemble chacune avec nos 2 filles. Je paie à l'Aînée un blouson qu'elle enviait depuis longtemps.
PN, le retour
Au retour, je vois une voiture garée devant la maison. je ne l'ai pas tout de suite reconnue. C'était celle de PN !!! Pourquoi est-il rentré si tôt ? Jumeau était déjà rentré. La question me brûle les lèvres, mais je ne la lui pose pas. Ne pas lui accorder d'importance.
Je pars m'isoler dans ma chambre, à lire les magazines que j'avais pris ce matin à la bibliothèque. Puis, je prépare le repas, les enfants ne mangent pas en même temps, Jumeau ayant trop faim pour attendre, ingurgite les restes de ce midi que j'ai réchauffés au micro-ondes. Ensuite je dîne avec les filles. PN traîne dans la cuisine en parlant tout seul :
PN : "On a dansé jusqu'à 2h du matin !...J'ai couru sur la plage le soir... On a fait du char à voile...On était descendu dans un michelin étoilé."
Personne ne lui répond, personne ne l'écoute. Mais il a besoin de se raconter. C'est comme ça. Du coup il arrête.
La veille de partir, il avait demandé à table si les Jumeaux avaient fait du char à voile en colonie de vacances. Ils en avaient fait, il le sait très bien. L'Aînée est intervenue : "C'est bon, Papa, on sait que tu vas en faire demain. C'est pas la peine de le répéter tout le temps."
PN : "Mais pas du tout ! Je ne suis pas en train de le répéter !"
Totalement puéril.
Le lendemain, nous déjeunons chez ma soeur et fêterons les anniversaires du mois de novembre. J'ai pris deux gâteaux, mais je suggère tout haut à Jumelle : "On fait une tarte au pommes pour demain ?"
PN réplique : "Putain elle reste à la maison demain celle-là. On peut même pas être tranquille !"
J'ai envie de lui répondre que j'espérais être tranquille puisqu'il devait être au Touquet, mais cela risque de partir en vrille. Alors je me tais. Comme m'avait conseillé le psy, juste faire comme si un inconnu disait quelquechose qui ne me concerne pas. Ne pas répondre ou juste, "Ah !, Ah bon..."
Dimanche 20/11/11
Réveil tardif. Vers 11h, PN rentre de son jogging. Bis répétita : "Vous restez là aujourd'hui ? Vous bougez pas ? Putain, fait chier !"
Puis, il me voit, apprêtée. Il ne dit rien.
Quelques instants après, il part en trombe hors de la maison, laissant son portefeuille. Il ne va pas à Intermarché. Je pense qu'il va chez IR. Lorsque nous partons à notre tour chez ma soeur, je fais un détour devant chez IR pour vérifier. Sa voiture est là. Je sais, c'est nul, cela ne m'apporte rien, si ce n'est une certitude. D'ailleurs, l'Aînée soupire et me dit : "Arrête, Maman, ça sert à quoi ?"
Je passe une bonne après-midi chez ma soeur avec les membres de ma famille. Il y a mon neveu qui a 4 mois et que j'adore.
De retour à la maison, la voiture de PN est garée devant la maison. Pff ! Retour en enfer !
Je suis dans la cuisine et j'entends PN qui crie une courte phrasse, se terminant pas ...asse. Quelquechose comme connasse ou poufiasse. Je n'ai pas bien entendu, je ne sais pas si cela s'adresse à moi. Mais bon, cela ne m'affecte pas.
Quelques instants plus tard, je suis aux toilettes. J'entends PN crier à travers la cloison :
"Elle pouvait pas chier chez sa soeur, celle-là !"
Puis on sonne à la porte. L'Aînée m'avait dit en sortant de la voiture que les pompiers passaient chez les voisins pour les étrennes. PN ne veut pas ouvrir, ça crie entre PN et l'Aînée : "Mais, Papa, va leur ouvrir !" - "Y en a marre de ces pompiers !" - "Mais vas-y, il attend derrière la porte !" - "Prend 2 eruos de ton argent de poche et donne lui !". L'Aînée ouvre. PN se lève et demande au pompier s'il peut faire un chèque de 5 euros. Je suis toujours dans les toilettes qui sont à côté de l'entrée. Ils échangent deux-trois bafouilles, PN lui demande ce qui se construit dans leur base, c'est un nouveau centre de formation.
Le pompier part, PN referme la porte et dit : "D'habitude, c'est la grosse qui discute avec eux."
Oui, d'habitude, c'est moi qui les reçois et fais la conversation, car le pompier qui passe est le grand frère d'un copain de l'Aînée, et je connais aussi ses parents.
Le soir, à table, après que Jumeau se soit fait copieusement engueuler par PN car il joue trop à la DS, c'est au tour de l'Aînée d'en prendre plein la figure car elle a eu le malheur de lui demander de se pousser pour s'assoir à sa place.
PN crie : "Je te conseille d'évoluer un peu parce que c'est pas joli-joli ton attitude actuellement. Il va vite falloir un déclic pour changer tout ça !"
Puis aux Jumeaux : "C'est pareil pour vous deux quand vous aurez son âge !"
J'assiste à la scène en silence. Je me dis que PN a peu de crédibilité quant à la bonne attitude à adopter.
Après le dîner, je vais dans ma chambre. Ce qui m'écrase, c'est d'avoir dans ma maison quelqu'un qui me fait systématiquement des reproches, qui est malveillant avec moi, qui me crie dessus. Je ne me sens pas un être libre qui vit et agit comme il l'entend. Je ne me sens pas tranquille. Dans ma chambre, je m'attends tout le temps à ce qu'il débarque pour crier et encore me reprocher quelquechose. Je me sens comme une proie dans une forêt, abvec un prédateur qui rôde à côté et fait bruisser les feuillages.
J'échangeais il y a quelques temps avec un membre de ma famille qui supputait que j'avais peut-être des tendances masochistes et que je devais peut-être travailler là-dessus. J'avais compris que son regard extérieur ne pouvait pas saisir le pourquoi de cette emprise, de cette peur quotidienne de PN mais aussi de cette peur à quitter PN. C'était quand je lui expliquais que c'était comme si j'attendais que la violence de PN explose, et dès que c'était passé, j'éprouvais une sorte d'apaisement.
En réalité, il ne s'agit pas de masochisme. Je n'attendais pas mes coups du soir. Il n'était pas question de l'objet mais d'une question temporelle. Quand on s'attend à quelquechose qui tombe régulièrement et habituellement, mais qu'un jour cette chose ne vient pas, on stresse encore plus longtemps, on angoisse encore plus. De fait, une fois que la crise de PN était passée, qu'il avait hurlé, c'était alors passé. C'était FINI. Je pouvais alors être APAISEE et tranquille jusqu'à la fois suivante.
Ce que je viens d'écrire me tenait à coeur. Je voudrais que l'on comprenne bien cela, ce mécanisme de la peur et de l'expectation. Je pense que le harcèlement moral réside exactement là dedans.
Commentaires
Bien vu et bien jugé/estimé. C'est une partie d'échec. Avec cette engeance, la menace est pire que l'exécution. Le mal potentiel est pire que le mal lui-même.
Tu me files de ces boules à l'estomac....
Mais je continuerai à te lire. Ici. Impuissant.
Affectueuses pensées, et les plus compréhensives.
S.
Oui Stéphane, s'attendre à la claque d'une minute à l'autre est pire que de recevoir la claque.
Ton dernier message est vraiment émouvant. Tu essaies de faire comprendre à ceux qui sont extérieurs à ce combat la manière dont cela se passe vraiment à l'intérieur. Je suis convaincue que les victimes ne sont pas maso ( je connais bien ma fille) mais en conflit avec une force d'une intensité inouïe.
Dis-moi Lola comment était-il au début de votre relation? Tu dis que la mort de sa mère a précipité sa violence mais après votre mariage, votre 1er enfant comment était-il? Est ce que tu peux dire a posteriori que tous les signes étaient déjà présents avant l'engagement?
Je pense beaucoup à toi.
Elisa
Bonsoir Elisa,
Merci de ton message, j'avais commencé une "lettre à Elisa" mais j'ai manqué de temps. Je poux déjà te dire que hélas, on ne peut voir aucun signe avant l'engagement, ni la victime ni un tiers. Au début, il semble y avoir une certaine concordance entre les 2 partenaires, chacun trouvant chez l'autre de quoi combler un certain manque. Après, les moyens mis en oeuvre pour créer l'emprise s'apparentent à des querelles de couple.
Avec le recul, je me suis aperçue que PN ne m'a jamais aimée, et présentait une certaine dureté mise sur le compte de l'humour ou de valeurs diverses.
Je comprends tout à fait ce qui se passe dans ton couple, parce que j'en connais un aussi, de PN. Pas mon mari, heureusement ! Je crois que le tien est particulièrement vicieux. Car pour te faire croire qu'il va s'absenter et rentrer plus tôt, c'est vraiment jouer au chat qui s'en va, qui fait croire à la petite souris qu'elle va être tranquille, mais qui en fait s'est caché pour réapparaître de façon impromptue. Ainsi, même en son absence, tu stresses car tu ne sais jamais s'il va rester parti ou revenir. Il sait que ça te fera plaisir d'être un peu tranquille et ça le contrarie énormément. La première phrase de ton texte, c'est ce que toi tu penses et il le sait. Il ne te laisse aucun répit !
Je me réjouis cependant que ton aînée ait décidé de te suivre.
Bonsoir quantique,
Le propre de l'attitude de PN, c'est de créer chez l'autre de l'inconfort et de la surprise, qui est le contraire de la confiance.
Ainsi, il agit à la dernière minute, il change d'avis au dernier moment alors qu'il avait dit qu'on pouvait compter sur lui ou bien il est pressent. Par exemple, nous nous préparons pour aller en vacances, on décide de partir à 10h00, alors chacun sait ce qu'il a à faire. Puis, PN décide qu'on va partir à 9h30 (car c'est lui qui conduit) alors tout le monde doit se dépêcher et stresser.
Quantique, j'ai essayé de laisser un message sur ton blog, sans succès, j'espère que tu t'es rétablie.
Bien à toi
Je vais mieux, merci. Je sais qu'il y a des problèmes pour accéder à mon blog et c'est dommage pour moi.