C'est plus que la dépression...
... ce sont des interrogations existentielles.
Mardi 14 mai 2013
Les moments up
Mes semaines sont entrecoupées de beaux moments et de journées sombres.
Je suis beaucoup sortie pour m'étourdir. Avec Nad, nous avons fait des soirées dans l'espoir de rencontrer un éventuel chéri, mais nous avons été déçues par la gente masculine croisée, à chaque fois nous nous sommes plus fait des copines avec qui nous avons beaucoup rigolé. Les hommes avaient - parfois - une attitude consommatrice. Alors j'ai décidé d'arrêter ce genre de sortie, Nad aussi.
Quatre jours pour moi
Puis j'ai fait d'autres sorties qui me correspondaient davantage. J'ai regardé de beaux films (une Vie Simple, admirable), fait de belles promenades, rencontrés des femmes très sympathiques, etc. de beaux moments simples et d'élan vers l'autre. J'ai fait de la méditation, une séance d'EFT, du chant. J'ai fait plusieurs sorties ayant trait à l'art, j'en ai même organisé une. Au salon de l'aquarelle, j'ai pu discuter et me faire prendre en photo avec deux grandes pointures de l'aquarelle, un Vendéen et un Chinois. Ils étaient très abordables. J'ai même craqué pour le Vendéen avec ses yeux jaunes, nous nous sommes très vite tutoyés. Nous avons une amie commune.
J'avais fait une sortie par jour durant le pont de l'ascension, durant lequel les enfants étaient partis en vacances avec PN chez leur grand-père. J'ai fait beaucoup d'aquarelle. Je l'avais déjà écrit, je crois, c'est une des choses qui me font sentir exister. J'ai même annulé une sortie en boîte, car cela ne correspondait plus du tout à mes aspirations.
Parenthèses heureuses
Tous ces beaux moments, en comptant le dernier repas avec la famille et le jardinage ainsi que les discussions avec mes amies de ma Ville, sont des instants que j'ai su savourer pleinement, en me coupant du cadre continu un peu difficile de ma vie actuelle. Je suis contente d'avoir développé cette capacité à profiter du moment présent, à "seize the day". Sauf que quand c'est fini, alors je retrouve le quotidien difficile.
Si j'ai bien retenu tout ce que j'ai appris des lectures de mes maîtres, Bouddha, Sénèque, Eckart Tollé, etc. je saurais que CHAQUE moment est une partie de la vie et qu'il ne faut pas les nier. Mais les accepter. Accepter ce qui est. J'ai encore du mal. Pas assez sage.
Les moments down
Le contexte :
- Incertitudes de ma vie professionnelle et donc personnelle l'année prochaine
- Repasser le concours (tout le programme à apprendre dans chaque matière, il reste moins d'un mois)
- Examen de Ressources humaines : je n'ai encore rien appris
- Dossier commun (MIP pour les "connoysseurs") à élaborer
- Procrastination (Je m'étais laissé le dimanche pour rédiger ma part de travail collégial, mais je n'ai pas pu aligner un seul mot, tandis que j'aurais pu faire biend 'autres choses)
- les enfants sont partis pour 10 jours avec PN
La mélancolie parfois évoquée est devenue dépression. Je discutais avec ma camarade dernièrement durant mon co-voiturage pour Paris, elle me parlait subrepticement de son état dépressif, vivant à l'école avec son fils et laissant à Paris son mari et sa plus grande fille. Elle prend des anti-dépresseurs, le médecin de ville tout proche de l'école lui avait confié que beaucoup de ses patients provenaient de notre école.
Soudain, c'est comme si je me suis enfin autorisée à laisser sortir tout cela. Car je ne sais même pas nommer cette "cela". "Cela" est une grande tristesse. Un certain désintérêt. Ajouté à une réelle fatigue physique. Je dors peu, je me couche tard. Je suis toujours fatiguée. Le midi, quand je peux, je fais une sieste de 10 à 15 minutes dans ma chambre, puis je me réveille en sursaut pour retourner en cours. Ou alors je m'effondre vers les 18-19 heures.
Le désintérêt
Je me désintéresse complètement de ma formation. Pourtant, par exemple, j'adore les ressources humaines, mais là, je trouve cela totalement compliqué, complexe et inefficace, toutes ce feuilleté de statuts et de règles qui régissent la gestion des RH dans la fonction publique ! Parfois, je me lasse du "système", des rapports sociaux que je trouve à la fois formidables et si hypocrites.
Cela fait longtemps que je me désintéresse des objets. désormais je me détache de l'organisaiton sociale, professionnelle. Plus grave encore, je suis en train de me désintéresser des gens. C'est étrange, car j'aime foncièrement l'Autre. Et encore plus mes enfants. Ce sont les seuls êtres sur Terre pour qui je vis. Mais bizarrement, je pourrais même ne plus penser à eux, car j'ai confiance en leur avenir. Pas en le mien.
La vérité est que je suis lasse. Je suis lasse de vivre. Je suis lassée de vivre. Je pleure la nuit dans mon lit. Je ne vois pas à quoi ça sert de vivre. J'ai acheté des livres à ce sujet mais qui ne m'ont pas plus convaincue. Ma vie est dense, mon réseau social riche, mais je ne vois pas pourquoi (pour quoi) je m'agite comme une fourmi.
Pourtant, j'admire la beauté complexe et ingénieuse du monde, de la Terre, du cosmos, etc. Tout cela est si intelligent et si beau dans son ensemble. La Nature, les Hommes, nos organisations sociales, nos maîtrises technologiques, etc. Mais soyons sérieux, vivre, à quoi ça sert ?
S'accomplir ? Accomplir une mission ? Surmonter des épreuves ? pour avoir le droit de pénétrer dans le Royaume de Dieu ? Ou alors suivre son karma ? Accomplir son samsara, le cycle des vies ? Recevoir et rendre ? Bénéficier et payer ? Vivre des réincarnations successives ? Pour atteindre enfin le nirvana ?
A quoi cela me sert-il d'avoir la conscience de mon existence ? De penser ? D'être si intelligent ? De conceptualiser tellement d'idées complexes ? Alors que mon corps est détériorable ? Naître, vivre et mourir. Qu'est censée me faire comprendre / découvrir ma finitude ?
L'idée de la mort doit-elle me faire comprendre je dois réaliser des choses durant la vie ? Je ne me pose pas la question du début (naissance). Je ne me pose pas forcément la question de la fin. Mais qu'est-on censé faire entre les deux extrêmités ? Je pourrais très bien vivre comme ça durant 80 ans puisque c'est l'espérance de vie actuelle d'une femme en France. Seulement, j'ai un cerveau avec une conscience et qui carbure - trop ? Je pourrais être un animal et me préoccuper seulement de manger et me reproduire. Mais apparemment, ce n'est pas ma vocation vitale. Que suis-je donc censée faire dans cette vie ?
Je peux mourir aujourd'hui, je n'ai rien à regretter. Je peux partir proprement. Je ne pense pas avoir fait de tort à personne, du moins je l'espère. J'ai ma bonne conscience pour moi. Quand aux regrets, j'ai bien une liste de choses à faire avant de mourir, c'est très prosaïque : savoir danser le rock et ce foutu Madison, savoir parler espagnol pour pouvoir voyager, rencontrer vraiment l'amour, pas l'amour destructeur et la manipulation de PN, cuisiner plein de plats, etc. Mais tout cela, je peux partir sans les faire. J'ai de moins en moins d'attachements.
Je n'ai rien à faire ici. Vivre ne m'apporte rien. Si Dieu - puisqu'il faut l'appeler ainsi - a une mission pour moi , une mission qui donnerait éventuellement un sens à ma vie, qu'il me le fasse savoir. Parce que là, je m'emmerde grave. Je me lève, je vais en cours, je mange, je retourne en cours, je m'occupe des enfants, je fais les courses, je mange, je fais le ménage, la lessive, je fais mes devoirs (ou pas), je dors. Chaque jour j'attends avec hâte le soir pour dormir et ne penser à rien. Sauf que le lendemain, tout recommence pareil. Et ça m'emmerde grave.
Quand bien même je serais en poste et je m'éclaterais professionnellement comme cela a été le cas jusqu'à présent, quand bien même je passerais de bons moments avec mes amis et ma famille, quand bien même je ferais tout ce que j'aime, peindre, jardiner, cuisiner, créer, etc. Et bien avec du recul je ne vois pas à quoi ça sert. Ce que cela m'apporte.
Ego-isme, altruisme
Ou alors faut-il inverser le point de vue et arrêter de me regarder moi et mon égo : est-ce que j'apporte quelquechose à quelqu'un ? C'est-à-dire qu'il faut que je m'oublie et que regarde ma vie du point de vue de l'Autre. Est-ce que ma vie aurait plus de sens si j'apportais quelquechose à l'Autre ? C'est quoi le but ultime de la vie ?
Evidemment je ne le saurai jamais. Je peux lire tous les philosophes et les chefs religieux, je ne suis pas sûre d'avoir la réponse. Pour autant, je ne vais pas mettre moi-même un terme à ma vie. Je vais continuer de vivoter. Telle la fourmi qui court dans tous les sens. Cette perspective me paraît assez désespérante.
Et puis je me suis dit que peut-être, le sens de la vie c'était l'Amour ? Ce "truc" que je n'ai pas connu jusqu'à présent. Mais je suis injuste d'écrire cela car je reçois chaque jour l'amour éperdu de mes enfants (je parle des Jumeaux, l'Aînée ... hum ... on ne peut pas en dire autant, sa crise d'adolescence s'éternise).
Je me suis dit ça car les gens amoureux trouvent une raison de vivre, un sens à leur vie. Ils ne vont plus se poser des questions existentielles. Tout va alors de soi. Tout devient une évidence. Pour moi, rien n'est évident. Je me traîne dans ma vie. Je rampe avec mes coudes.
Pour autant, je ne me plains pas car j'ai bien connu des moments de vie simple, mais c'était à l'époque où sans le savoir, je tombais dans l'emprise de PN. PN commençait à me dire des choses méchantes, mais je me disais que c'était de la maladresse, de la bêtise ou de la colère qui passerait. Durant les premières années, j'ai été heureuse, je crois.
Aujourd'hui je suis seule avec moi-même, avec mes doutes et mes incertitudes, et ma solitude.
Lundi soir, j'ai beaucoup pleuré dans la nuit. Je n'ai pas dormi avant 3 heures. J'ai parlé à Dieu.
Moi : "Il y a 2 ans, au coeur de la tempête, j'étais bien plus forte. Puis vous m'avez fait signe à plusieurs reprises (oui, je vouvoie Dieu !).
Lui : Oui, je t'ai montré que j'étais là.
Moi : Et aujourd'hui que le temps est calmé, pourquoi suis-je perdue ?
Lui : ...
Moi : Qu'attendez-vous ? Qu'attendez-vous de moi ?
Lui : ...
Moi : Si j'ai une mission à accomplir sur cette terre, alors donnez-moi ma feuille de route !
Lui : ...
Moi : Ne me dites-pas que c'est à moi de trouver mon propre chemin ? Que c'est à moi d'agir ? Parce là je ne sais pas du tout vers où me diriger, je n'en ai aucune idée ! A moins que je n'ai pas fini de payer ma dette ? Ah, j'ai fait autant de mal que ça dans ma vie antérieure ? (oui, là c'est plutôt le Dieu bouddhiste). 18 ans avec PN n'étaient qu'un avant-goût ? Et je continue de payer ? Si oui, j'obéis, car je en vais pas mourir et passer encore une autre vie à recommencer à payer ma dette à PN sous une autre forme.
Lui : ...
Moi : Alors c'est ça, je vais continuer de vivre ? Sans savoir pourquoi ? Que puis-je faire d'autre sinon accepter ma vie actuelle. Bien sûr je me pose la question du libre-arbitre de l'homme face à Dieu. Mais je vois bien que je ne décide de pas grand-chose puisque mes voeux ne se rélasient pas et que mes tentatives tombent à l'eau (mon oral de D3S) comme si de toutes façons tout était déjà joué.
OK, je vais essayer d'accepter ce qui est. De faire confiance. D'avancer à l'aveugle. Ce n'est pas aisé. Cela me panique."
Ma conversation avec Dieu se termine tout doucement quand je sombre dans le sommeil.
« Recommande ton sort à l'Eternel, mets en lui ta confiance, et il agira. » (Psaume 37:5)
Je fais tenter de faire le pas de la foi.
Commentaires
Bonjour Lola.
Que te dire !!! Cette note me ressemble trait pour trait. Je vais arrêter là mon commentaire car je pense qu'il me faudrait dix pages tellement il y a de points communs avec mon ressenti...
Je veux juste te dire que sur le plan professionnel, j'ai moi aussi ressenti cette impression de "ça ne sert à rien" durant la formation. Et en fait tout s'est éclairé lors de la prise de poste. Alors courage !!! Bises
Je vais relire cette note un peu plus tard (pour l'instant séquence émotion...), et te faire une réponse mais sans doute en privée car trop longue pour un com...
Bonsoir Patou,
En écrivant mon ressenti de vide et de tristesse profonde, je ne pensais pas que nombre de victimes de PN en passaient aussi par là bien après l'avoir quitté.
J'ai bien reçu ton message en MP et je t'envoie plein de douces ondes.
J'ai eu ces moments, d'ailleurs j'écoutais "à quoi ça sert ?" d'Axelle Red...... C'était essentiellement les trois premières années après ma séparation d'avec Christophe.. Je me souviens d'avoir posé cette question à mon psy de l'époque.. Il m'avait répondu grosso modo qu'une jour jour, j'aurai la réponse.. Et que je l'avais déjà au fond de moi mais qu'il y a des périodes où l'on a des choses à régler, à pardonner à soi, aux autres, des choses à accepter, etc..
Alors c'est quoi, le sens de notre vie ? Ben je dirais que l'on n'a pas à donner de sens à sa vie.. Comment donner un sens à quelque chose qui ne sera plus, avec la mort ? Donc faut pas donner ou chercher un sens à sa vie.. Faut juste vivre sans se poser cette question..
Je poserais plutôt la question sous un autre angle : "pourquoi vivre ou continuer à vivre ? Ben.. Pour l'Amour.. L'Amour Couple, bien sûr.. Car lorsque l'on est amoureux(se), on ne se pose plus toutes ces questions existentielles.. On est heureux(se), point..
Bien sûr, on n'est pas heureux(se) 24h/24 mais la plupart du temps, on l'est.. Et ce ressenti nous donne des ailes pour tous les aspects de notre vie.. On se sent mieux au boulot, avec soi, avec les autres, avec nos projets, avec la Vie en général..
Gros bisous
Merci Van de ton message.
Je lis ta réponse au regard de tes interrogations actuelles et je trouve que tu apportes de bonnes réponses à tes questionnements.
Néanmoins je ne parviens pas à être d'accord avec toi sur le faire de vivre sans se poser de questions. J'aimerais tant pouvoir le faire, juste vivre, être, honorer la Vie. Mais je n'y parviens pas. C'ets la mort-même qui me pousse à trouver un sens à cette vie. Non pas que j'ai peur de mourir. Mais la notion de finitude de la vie me questionne sur la vie en elle-même. Qu'est-ce que la Vie ? Qu'est-ce que vivre ? Que suis-je sensée faire de cette chose merveilleuse (ou pas) que j'ai entre les mains ?
Je ne recherche pas le bonheur. Qui est loin d'être un état. Mais des instants. Je cherche à savoir pour quoi on m'a mise là. En même temps, je connais une partie de la réponse. Je dois faire confiance. Avoir la foi. Et accepter d'être là. D'être.
J'avais lu une sentence que j'aime beaucoup. Un homme dit : "Je veux être heureux." Le Sage lui dit : "Enlève Je (l'égo). Enlève veux (le désir). Enlève heureux (je ne sais plus, ... la prétention ?). Alors il reste "être". C'est cela, être heureux." Enfin, quelque chose comme ça.
Bises Van.
Ta dernière note avec A. semble pleine d'apaisement et d'espoir. Je croise les doigts.
Mon médecin de famille, philosophe, spiritualiste et coach autoproclamé me disait que la vie sert à apprendre à mourir. Je n'ai toujours pas compris. Et je crois que je ne suis pas d'accord. Au contraire, je pense que jusqu'à la fin, on apprend à vivre. Je ne crois pas à la grande mission venue d'en haut, mais on peut s'en donner une, si cela nous aide. Définir soi-même un but. Et en changer éventuellement en cours de route. On peut aussi vivre en suivant ses instincts, en expérimentant dans différentes directions. À quoi ça sert ? Je ne sais pas. Mais c'est ! Donc, faisons-en l'expérience (sauf si on choisit le suicide).
Tu te trompes si tu crois que ceux qui ont trouvé l'amour (même avec un grand A) ne se posent plus de questions existentielles. Au début peut-être, dans l'euphorie. Mais quelques années plus tard ...
Fais attention, Lola, le manque de sommeil à lui seul peut mener à la dépression. Et "courir dans tous les sens, comme une fourmi" n'est-ce pas une façon de fuir ? Tu as déjà redressé la barre en faisant des choses qui te correspondent mieux. Peut-être faudrait-il encore affiner la sélection. Une chose me frappe chez toi, tu es souvent (devrais-je dire "toujours" ?) dans le "faire". Même quand tu parles de méditation, tu me donnes l'impression non pas de t'arrêter de courir, mais de faire une action de plus parmi les autres. Je ne sais pas sur quoi je me base pour dire ça et je me trompe peut-être totalement, mais je préfère le dire, on ne sait jamais que cela puisse t'aider.
Tu termines ta note sur la confiance. Je suis d'accord. Et ce n'est pas facile. Et on en revient toujours à ça : vivre ce qu'on a à vivre, vivre pleinement, non seulement les bons moments, mais aussi les plus difficiles. N'avons-nous pas trop tendance à vouloir "surmonter" ces derniers, voire à les nier ? Parfois je trouve que la pensée positive est une dérive. Et je pense que les souffrances ainsi refoulées se stockent en nous et reviennent, plus profondes, jusqu'à ce que nous acceptions de les vivre vraiment et d'enfin les évacuer...
Bonsoir Quantique,
J'aime tes questions qui me poussent à aller encore plus loin dans la réflexion.
Je vous ce que ton philosophe de médecin veut dire et je partage son avis. Vivre c'est apprendre à mourir et apprendre à mourir c'et vivre. Vivre plus vrai, plus en conscience.
Cela veut-il dire que je suis en train d'apprendre. Je crois bien que oui.
Combien de gens accumulent les activités, les challenges, les richesses, les conquêtes amoureuses, tout ça pour se rassurer, pour se sentir en vie. Pour tenir éloignée la mort. C'est présomptueux de ma part, mais si la Mort vient me chercher, alors je lui donnerai la main, car je me sens prête. Presque. Je ne recherche plus les ors et le succès, Je ne cherche pas à plaire à la société, à me faire aimer, j'en ai fait le tour, je n'ai rien à prouver à personne. C'est orgueilleux, mais c'est vraiment ce que je ressens.
Pour ce qui est d'accumuler les activités (et même la méditation), en fait, c'est ma vie actuelle qui me donne des obligations. J'ai déjà tant à faire à éduquer mes enfants avec toutes les contraintes administratives et scolaires, sans oublier ma formation qui demande des projets à rendre, des travaux divers et variés ( enquêtes de terrain, travaux de groupes, présentations orales, mémoire, examens de ressources humaines, management, comptabilité, analyse financière etc.). C'est vrai que je "fais" beaucoup, et cela m'épuise.
Le temps personnel qui me reste est peau de chagrin. La méditation dont j'avais parlé était une activité de groupe qui était associée à du chant et à l'EFT. Ce n'est pas celle que je pratiquais. Une fois j'avais posé une question à un maître bouddhiste breton, disant que je n'avais pas le temps de méditer. Il m'avait répondu qu'il s'agissait d'une question de choix et de motivation. Evidemment, il avait raison, c'est trop simple d'accuser la société et son organisation, il s'agit de nos responsabilité individuelle et de notre libre-arbitre. Nous avons toujours le CHOIX. Finalement.
Lola bonsoir,très belle note,très intéressante mais aussi émouvante .... . Bises
Merci Daisy de ton petit mot.
Bonjour Lola,
J'ai mis du temps à répondre à cette note, car elle est en effet émouvante et qu'elle résonne vraiment en moi.
Je traverse aussi ces moments de détresse profonde. Mais, je me dis que j'existe pour mes enfants et qu'ils ont besoin de moi.
J'essaie de me concentrer sur de toutes petites choses qui me font plaisir : un rayon de soleil, le sourire de mon bébé, une remarque pertinente du grand... des choses minuscules (et rares, surtout le rayon de soleil).
Je regrette un peu mon état d'esprit de l'an passé : la phase dite de dépersonnalisation, car c'était plus simple à vivre, même si pour mon psy de l'époque, c'était très inquiétant.
C'est vrai aussi qu'un amoureux fait du bien car on se questionne moins sur le sens de la vie... Une de mes meilleures amies a eu aussi affaire à un PN (le meilleur ami de FDP), elle a tenté de se pendre il y a un an, mais elle est heureuse maintenant : elle a découvert l'amour.
Mais, elle est passée par un traitement... Je n'en ai pas tellement envie, mais c'est peut-être la solution. Je ne dors pas beaucoup non plus...
J'ai beaucoup parlé de moi... Je n'ai aucun conseil à te donner, car au final je ne sais pas ce qu'il faut faire pour se remettre d'un PN... Mais, tu écris et je crois que c'est déjà un pas.
Bien à toi.
Bonsoir Psyché,
Je dois reconnaître que beaucoup de victimes de PN passent par une profonde dépression après la phase de dépersonnalisation. Comme tu le dis, cette dernière était beaucoup plus facile à vivre que la dépression.
En 2007, quand ma psychothérapeute me demandais pourquoi je restais avec PN, je n'ai pas su lui répondre. Elle m'avait parlé alors du bénéfice secondaire, cette notion nouvelle m'avait beaucoup choquée. Je serais restée afin de me victimiser et d'avoir le bénéfice de me faire plaindre pour tout ce que j'endurais et que je devenais ainsi une sorte d'icône ou d'héroïne. Puis j'ai beaucoup lu. D'un point de vue psychanalytique, cela pouvait se comprendre. Alors j'ai commencé à agir pour mettre fin à cette situation. Je devenais acteur. J'étais mon propre sauveur.
Une fois les voiles levés, mon départ avait déclenché les foudres de PN. Sous ses pluies de cris et d'insultes, j'étais devenue un zombi. J'étais restée dans la maison, préparant mon départ, supportant ses hurlements alcoolisés. J'étais devenue un robot de métal, pour ne pas souffrir. Puis l'arrivée à Rennes a été suivie en janvier 2012 d'une dépression.
C'est bien de savoir qu'après la dépersonnalisation, il existe un choc post-traumatique. On pourra mieux s'y préparer.
Actuellement, tu tiens ta famille à bras le corps, tout en affrontant ton PN. Tu restes forte comme tu le peux. Attention à ce qui suit. Heureusement, écrire fait du bien. Et puis, tu n'es pas tout à fait seule, tu es suivie sur la Toile ;-).
Allo! Lola?
On se fait toujours un peu de souci quand on n'entend pas parler de toi pendant longtemps...
Moi aussi, comme Elisa ...
Merci. Un lien s'est tissé sur la Toile.
J'étais très très occupée. Cette vie intense me donne le tournis et je me prends à rêver d'élever des chèvres et de vendre mon fromage sur les marchés.
Mais je suis forcée de suivre cette voie professionnelle qui se dessine, puisque je crois au destin. Malgré les tentatives et mes actions, j'ai pris des chemins que je n'avais pas prévus. J'ai fait une maîtrise de langues, mais j'ai longtemps travaillé en association humanitaire. Puis j'ai travaillé à l'export, pour de grandes marques. Ensuite je suis arrivé à l'hôpital en qualité de secrétaire sous le statut des agents d'entretien, où je me suis retrouvée à quelques euros du SMIC. Et me voila bientôt gratifiée du niveau de cadre sup' grâce à mes concours, en passant à côté d'être directrice.
Bref, la vie est un chemin pas tranquille et qui serpente beaucoup.
Sinon, je vais bien. Pas super bien. Mais pas aussi mal qu'il y a 2 ans. J'espère ne pas connaître pire que 2010 et 2011 avec PN. J'ai 43 ans et c'étaient les pires années de ma vie. Vraiment les pires.
Merci de prendre de mes nouvelles, cela me touche.
Bien sûr, on ne peut pas, ne pas se poser de questions.. Par contre, on peut les freiner, les reformuler ou les jeter par la fenêtre ;o) pour justement "être" tout simplement :o)
Bisous
Les questions fusent tout le temps dans mon cerveau. Il n'y a qu'un seul moyen radical : faire le vide dans ma tête, le calme mental. ;-)
Ce que tu as écrit correspond très bien a ce que je ressens...je me traîne dans ma vie, je fais des activités qui me font plaisir mais pourquoi faire? Je ne vois plus le sens de ma vie. Je suis lasse. J attends péniblement le jour de ma mort. Je ne comprends pas ce que je fais sur terre.
Bonjour Caroline,
J'espère que cela va mieux depuis ton message.
Tout ce que je peux dire est que cette sensation de non-sens est très pénible à vivre, mais qu'heureusement elle est fluctuante. A un moment, tu es tellement down down down, que arrivée au fond, tu remontes ensuite. Et cela, sans forcément d'effort. Cela passe, c'est tout. C'est ce qui m'est arrivé en tous cas.
Aujourd'hui je n'ai toujours pas trouvé de sens à ma / La VIE, mais j'accepte ce que je vis sans me poser de questions. ET cela est plus vivable, plus confortable. Même si cela ne répond pas à toutes mes questions.