Une étape
Mercredi 26/06/13
Six mois se sont bientôt écoulés depuis mon retour à Rennes. Je suis à la moitié de ma formation. Déjà. Le temps passe si vite ici. Les épreuves se succèdent (en tout genre). Au plan scolaire, les deux dernières semaines ont été intenses, car elles étaient ponctuées d'échéances importantes : une note à rendre sur le prochain stage, une évaluation de 4 heures - en situation de concours - sur les ressources humaines, une autre sur le management et la gestion des risques et enfin une soutenance de groupe d'une heure devant jury. Toutes ces épreuves étaient à préparer en parallèle avec des cours de finance en journée, c'est dire l'intensité de la concentration et des efforts demandés. Au plan du quotidien, je dois résoudre des problèmes hôteliers assez importants avec le campus (la bataille ne fait que commencer).
Du coup, chaque fin de semaine a été l'occasion pour moi de me lâcher : le vendredi soir de l'épreuve de 4h, j'ai fait un apéro avec quelques camarades suivi d'un Pictionnary d'enfer qui a duré jusqu'à 1h du matin. Après le deuxième test, en milieu de semaine, un barbecue et une soirée qui s'est achevée à 5h du matin. J'ai vu l'aube se lever, c'était beau. Et vendredi dernier, après la soutenance et une bonne note, trois mamans de la promo et nos enfants respectifs (qui sont tous copains) avons dîné dans un restaurant et participé à la fête de la musique qui se déroulait dans tout Rennes. Nous sommes rentrés à pieds à 1h du matin. Autant dire qu'à chaque fois, comme je ne suis plus toute jeune, je n'ai pas réussi à me lever le lendemain !
C'est une vie intense tant dans les exigences de travail et de concentration que dans les moments d'amusement. Lors d'une de nos soirées à thème, je dansais et je me disais soudainement : "Quelle drôle de vie je mène !" Tout est concentré et exacerbé. Et à bientôt 43 ans, je suis en train de faire des fêtes estudiantines hebdomadaires.
Depuis lundi j'ai entamé mon stage en établissement sanitaire (la majorité de mes camarades sont repartis dans leur région d'origine) et le rythme sera plus calme. En plus il fait beau. Je vais apprécier. J'ai repris la lecture d'un petit roman que m'avait prêté Inge il y a un an et que je n'avais toujours pas réussi à finir : "Les tribulations d'une jeune divorcée", marrant. Puis j'ai entamé aussitôt : "Le chemin est le but" de Chögyam Trungpa, un enseignement fait dans les années 70 sur la méditation bouddhiste. C'est un livre qui est plus abordable que je ne pensais et qui me conforte dans mon retour à la vie spirituelle et à ma pratique méditative. Cet encadrement didactique me manquait pour reprendre la méditation et me rappeler les grands principes. Cela m'aide à rester calme dans les épreuves de la vie.
Je me rends compte que je suis forcée de prendre la vie comme elle vient. Étape par étape. Echéance par échéance. Tout comme lorsque que je vivais sous le même toit que PN et que le danger était à chaque moment. Que chaque journée vécue était une journée de gagnée. Je suis loin de lui et j'ai toujours cet instinct de survie exacerbé. toujours en alerte. Jamais en repos. Soulagée après une épreuve et me tenant prête pour la suivante.
A l'époque, c'était les mains courantes, la plainte, les rendez-vous en secret après le travail avec l'avocate, l'annonce du divorce, l'explosion de PN, la confrontation au commissariat, encore l'explosion de PN, puis ses explosion de délires journaliers, les concours de prépa, le grand départ à Rennes, le tribunal, les concours à Rungis (9 jours l'an dernier), le retour dans ma Ville et dans mon hôpital, les résultats, les oraux (8 jours), les résultats finaux, le 2è déménagement à Rennes, etc.
Je me suis rappelée ma vie calme, quand je en travaillais pas et que je passais mes journées à m'occuper des enfants, de mon jardin, de la cuisine, de la maison, que je peignais, etc. Mais j'étais sous l'emprise de PN, qui s'est vite transformée en joug oppressant et aliénant, jusqu'à l'insupportable. Qu'est-ce qui est mieux ? La vie paisible en prison et dans l'humiliation quotidienne ou la liberté et son lot de difficultés ?
Aujourd'hui j'ai accepté ces diffilcultés. C'est ma vie. C'est comme ça. J'aime autant ne pas en rencontrer. Mais je n'ai pas la main dessus. Les accepter les rend sûrement plus supportables.
Commentaires
C'est beau ce que tu dis et tellement vrai, tellement juste .... .
Bonsoir Lola,
J'adore cette note que je sens plus sereine... Et je comprends aussi : le prix à payer est lourd. C'est un sentiment diffus ou parfois exacerbé de danger. Mais que serait-on devenue(s) auprès d'un PN ? Il y aurait certes une certaine sécurité financière... mais un danger quotidien.
Je suis en colère parfois quand je réalise que FDP a volé ma jeunesse, quinze ans de ma vie et mon insouciance. Et je suis en colère contre moi aussi. Mais je me dis aussi que j'ai d'autres moments à vivre. Alors je me laisse porter aussi et il faut accepter. J'aime bien ce mot de résilience.