Mon nouveau job
Dimanche 23 mars 2014.
Avant, j'étais assistante de direction. Mais ça, c'était avant.
Depuis le 02/01/14, j'occupe le poste de responsable des ressources humaines d'un établissement de 1000 agents. Je ne me sens absolument pas prête à occuper ce poste. Les premières semaines, je m'accorde une période d'observation et d'adaptation ; on dit que pour un cadre il faut au moins 3 à 6 mois. Et que l'on connaît parfaitement son poste qu'au bout de 1 à 2 ans. Je suis responsable des agents depuis le recrutement (différent selon les catégories et les métiers), la progression de la carrière et la paie, la protection sociale, jusqu'au départ (retraite, mutation, détachement, licenciement, décès). Je rends compte à 2 directeurs de groupe et à mon directeur de site. Sur l'établissement, je suis responsable en l'absence de ce dernier, je signe un certain nombre de documents à leurs places.
A mon arrivée, je dois prendre RDV avec les différents chefs de service, directeurs, cadres, etc. afin de me présenter et de découvrir leur secteur. C'est la partie la plus agréable de la prise de poste. Et il y a les dossiers en cours. Je suis vernie, les dossiers sont très lourds, voire explosifs. Dans le quotidien, les situations à traiter sont complexes. Je me rends très bien compte que les cours dispensés à l'Ecole sont insuffisants, en tous cas, ils étaient théoriques et seul l'exercice du quotidien me permet de savoir gérer les cas et de retenir la réglementation.
Je ne sais rien mais je dirai tout
Souvent, je me sens totalement ignorante et incompétente. j'intègre, de part ma fonction, des instances où je ne comprends rien, d'autres que je suis sensée co-présider... Je dois instruire des dossiers que je connais pas... Mais bizarrement, je n'ai jamais ressenti aucun stress. A aucun moment. Je me laisse plonger dans les situations et je me fais totalement confiance sur que faire et que dire. Durant les réunions d'équipe que j'anime ou encore au cours des entretiens individuels avec les agents, je suis en improvisation, en total free-style. Jusqu'à présent, je me suis assez bien débrouillée. J'ai bien sorti une connerie lorsque j'ai déjeûné avec l'équipe de direction et le directeur général du groupe, et puis d'autres fois aussi, mais j'ai assumé et je n'en ai pas eu honte.
Le Costume
J'ai intégré cette sphère de direction qui était longtemps bien au-dessus de moi et je m'en sors assez bien. J'ai eu peur de ne pas être à la hauteur. Mais en réalité, j'arrive avec un costume que l'on m'a donné, celui de responsable du personnel, je l'ai revêtu et m'y suis habituée vite. Bien sûr, je me suis présentée de façon très humble, reconnaissant à mon équipe leur expertise en gestion des ressources humaines et que je ne possède pas. D'ailleurs, au cours de mon entretien avec mon directeur afin de me présenter, ce dernier a conclu en disant :
"En gros, vous n'avez aucune expérience d'encadrement ni des ressources humaines".
J'ai reconnu que non, mais qu'il me fallait bien commencer. Il était d'accord.
Les collègues savent que je débute, mais je ne me laisse pas démonter. Eux-mêmes m'aident à porter ce nouveau costume. Les cadres et cadres supérieurs s'adressent à moi avec respect, cela me surprend toujours. Mon équipe aussi me soutient, elle attendait un manager.
"Nous avions peur de tomber sur un tyran."
Je crois qu'ils oint été rassurés. Au bout de 2 mois de management d'équipe, je me permets d'être moi-même. j'ai toujours aimé plaisanter, j'ai dit à mon équipe que l'on passait généralement plus de temps avec ses collègues qu'avec ses proches, alors il valait mieux que ce temps soit agréable. Aussi travaillons-nous sérieusement mais nous nous permettons de rire souvent, surtout dans les situations difficiles. Il faut dire que je bénéficie d'une équipe extraordinaires, des professionnels pro-actifs. Ceux qui ne le sont pas, je tente de les tirer vers le haut, je fais souvent du positionnement positif. Avec les cadres des services cliniques aussi je passe bien. C'est la directrice des soins qui me l'a dit.
"Vous êtes à l'écoute. Vous êtes abordable."
Par ailleurs je discute avec une autre directrice comme à une égale, ce que je ne suis pas. je lui avais donné mon avis sur une situation difficile. Un mois plus tard, elle a gardé ma proposition. Le grand écart est de revêtir ce costume neuf et d'accéder à l'autre côté, celui des directeurs, alors qu'il y avait encore un an, je préparais les salles de réunion et faisais les photocopies.
Et aussi, tous les jours, 5 agents déposent sur mon bureau des parapheurs que je dois valider. Je ne sais pas qu'en faire. Je me fais expliquer les situations et je signe quasiment les yeux fermés, je leur fais toute confiance puisqu'ils maîtrisent bien mieux que moi l'aspect technique.
Bref, je suis comme un enfant qui porte des vêtements encore trop grands. Tous les mois, je retrouve mes camarades de l'Ecole qui sont à Paris. Nous prenons un verre et dînons ensemble, tous rencontrent les mêmes problématiques que moi. Beaucoup de responsabilités, beaucoup de travail. On se téléphone aussi beaucoup pour se soutenir ou s'échanger des tuyaux. Un véritable réseau professionnel s'est formé.
Il y a quand même des gros hics
Les transports en commun
En premier lieu, le temps de transport est très long : 3h30 à 4 heures par jour. En calculant, en 2 mois de travail, je passe quasiment l'équivalent d'un poste à temps plein dans les transports en commun. C'est du temps gaspillé durant lequel j'aurais pu avancer mes dossiers.
Je ne me suis pas encore résolue à prendre ma voiture. les première raison évidente est ma phobie. La deuxième le coût de l'essence. Et la troisième, le temps relativement long (1h, impossible pour moi) et les bouchons. Pour éviter les embouteillages, il faudrait partir très tôt, ce qui revient au même que les transports.
Encore une fois, je continue de galérer. Je n'ai vraiment pas de bol. Pour l'instant je prends mon mal en patience. J'ai postulé ailleurs dès fin février, pas de réponses. J'attends de me construire un bon CV avec cette expérience.
La fatigue
Je n'ai pas besoin de faire de dessins : je suis exténuée. Je pars à 7h-7h15 du matin, j'arrive entre 8h30 et 9h et je bosse comme une damnée toute la journée. Je prends des pauses déjeûner de 20 mn, puis je me remets aussitôt au boulot. Je suis cadre au forfait, pas de temps de récupération. Je ne sais pas me poser et souffler, trop de travail.Le soir je pars vers 18h15 et j'arrive chez moi à 20h, parfois 21h. La première semaine, je suis tellement exténuée que mes jambes peinent à grimper les escaliers menant à la gare le matin. Je dors la plupart du temps si j'ai une place assise.
Ce sont des très longues journées. Je ne vois mes mes enfants ne les réveillant à 7h, je les retrouve le soir pour dîner, nous mangeons vers 21h30, et il nous est arrivé de faire les devoirs jusqu'à minuit. C'est vraiment pas une vie. Le week-end, je fais les courses, je re-tapisse la chambre de l'Aînée, je repeins les 2 toilettes, je nettoie la terrasse qui est toute noire, etc. Le dimanche, parfois je vais voir ma mère qui a eu un AVC et est très affaiblie. Je n'ai aucun moment pour moi. Très souvent, le soir, je tombe de sommeil dans mon canapé ou je dors tout habillée sur mon lit jusqu'au matin.
Je ne suis plus qu'une machine à travailler. je bosse pour gagner de l'argent pour nourrir et éduquer mes enfants. Rien d'autre n'a d'importance. Ma vie de galère, je l'ai acceptée. Puisque je ne peux pas faire autrement.
En ce moment, j'ai mal à la tête, alors je crois que je vais faire un AVC ! D'autres fois, je suis essoufflée et j'ai mal dans la poitrine, j'avais cru faire une crise cardiaque. Sans être hypocondriaque, je me suis fais un peu peur. J'ai toujours beaucoup travaillé. En 20 ans de boulot, je me suis arrêtée une fois 3 jours : j'avais la grippe. C'est tout. Même malade (enrhumée), je venais travailler. Je n'avais aucun problème de santé. Aujourdh'ui j'en viens à souhaiter qu'il m'arrive quelquechose. De pas trop grave, hein !
L'autre week-end, j'étais sur un escabeau en train de coller du papier peint. j'vais la tête qui tournait, j'étais très fatiguée. A plusieurs reprises, j'avais failli tomber de l'escabeau. Je le souhaitais presque. mais je ne voulais pas non plus me briser la colonne vertébrale (oui, mon dos me fait toujours très mal).
A suivre