Mercredi 6 mars 2013
Durant ma formation, il était prévu que nous rencontrions les élèves des grandes écoles de la fonction publique afin de mener des réflexions sur certains thèmes. Ainsi, en présence d'intervenants professionnels et de futurs commissaires de police, officiers de gendarmerie, officiers sapeurs-pompiers, directeurs d'insertion et de probation, de directeurs du secteur hospitalier et médico-social, nous débattons de la maltraitance.
Hier nous avons parlé de la maltraitance envers les enfants en disant notamment que le victimes risquaient de devenir des maltraitants à leur tour s'ils ne sont pas pris en charge. Aujourd'hui, nous avons discuté durant 7 heures sur les violences conjugales. Les professionnels intervenants sont un juge du Parquet, une psychologue spécialisée, des représentants d'associations contre les violences faites aux femmes, une juriste, etc.
Par violences conjugales, on entend les violences :
- physiques
- sexuelles
- psychologiques
- financières
- administratives
Tout au long de la journée, je me demandais si j'allais intervenir pour témoigner de ma propre histoire, mais je m'en suis défendue, étant donné que nous étions dans un cadre professionnel. Pourtant, les discussions concernaient les 20 dernières années de ma vie. Et j'ai eu affaire à chacun des représentants des acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes. Etape par étape. J'aurais voulu leur crier MERCI !
MERCI car grâce à chacun d'entre vous, je suis là.
Aujourd'hui.
Parmi vous.
Vivante.
Reconstruite.
Equilibrée.
1) La psychologue
Tous les 2,5 jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint. On constate une augmentation des fait de violences, mais il s'agit surtout de l'augmentation de la récélation des faits. Cela veut dire que les femmes osent enfin parler. 10% des femmes en France sont victimes de violences, notamment au sein du couple. Toutefois, sur ce taux, seules 10% déposent plainte ou se rendent dans des associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
La psychologue a parlé du cycle de la violence, avec le fameux schéma que j'avais décrit il y a quelques années (déjà !!!).
Du phénomène d'emprise : Effraction - Captation - Programmation (ie syndrome de Stockholm)
Des moments-critiques de l'apparition des violences :
- l'installation du couple dans le foyer commun
- la 1ère grossesse
Du syndrome post-traumatique. Nous en avions souvent parlé ici, notamment avec Elisa et Quantique. Les syndromes sont souvent déniés par la victime qui prétend se sentir bien.
- troubles neuro-végétatifs = suées, tremblement quand on reparle des faits, moindre résistance aux maladies
- troubles psychologiques = honte, culpabilité
- troubles du comportement = troubles du sommeil, hypervigilance avant de dormir, troubles digestifs, de la sexualité, névroses, envies suicidaires, etc.
2) La juriste de l'association contre les violences faites aux femmes
Selon elle, les facteurs de vulnérabilité sont la grossesse, le handicap, la maladie grave et l'âge. Mais tous s'accordent à dire que la catégorie socio-professionnelle n'entre pas en compte puisque toutes les couches sociales sont touchées.
3) Les policiers
Au commissariat de police, il existe des "référents "violences conjugales" (J'ai pu le constater !), les brigades sont de plus en plus formées à ce thème et sont sensibilisés aux revirements des victimes qui retirent leurs plaintes (je suis passée par là) par peur des représailles ou par pardon au moment de l'étape lune de miel ("je t'aime, je te demande pardon, je ne recommencerai plus"). Les policiers savent bien que les violences perdurent mais ne peuvent rien faire. Néanmoins, ils citent un certain nombre de fausses allégations de violences en vue d'accabler le conjoint avant de demander le divorce.
Les victimes sont autorisées à porter plainte dans n'importe quel commissariat ou gendarmerie, même en dehors de sont département ou commune. Les outils dont disposent les policiers pour faire cesser les violences sont la garde à vue, la mesure d'éloignement.
4) Le procureur de la République
Le magistrat reconnaît dès le départ que les faits sont parfois difficiles à établir étant donné qu'ils se déroulent dans le huis clos familial. Les certificats médicaux détaillés établis par les médecins légistes, faisant apparaître des marques de défense, sont pris en considération. La rédaction des certificats médicaux et les termes inscrits sont très importants et influencent d'une manière ou d'une autre les jugements s'il y a lieu, les ITT (incapacité totale de travail) doivent être précisées.
Le procureur précise que la légistation était favorable à l'agresseur, alors désormais, des mesures d'éloignement sont proposées par les policiers pour éviter la poursuite de la violence.
Pour ce qui est du harcèlement moral, et c'est ce qui m'intéressait le plus, le procureur n'a pas connaissance de jugements rendus. Il précise que les éléments de preuve de harcèlement et de violences psychologiques (SMS à répétition, relevés téléphoniques, enregistrements, e-mail) n'ont aucune valeur dans la procédure civile et peuvent même constituer une violation de la vie privée. En revanche ce sont bien des éléments de preuve à charge dans la procédure pénale. Dans le cas d'une plainte pour violences psychologiques, une expertise psychiatrique sera menée, mais les intervenants mettent en garde contre les "psy-Schtroumpfs "!
Les agresseurs (violences physiques) sont condamnés avec sursis avec mise à l'épreuve, c'est-à-dire sous condition de soins psychologiques.
Bref, les pervers narcissiques ont encore de beaux jours devant eux. (c'est pourquoi, il ne faut jamais dire aux PN ce que nous savons d'eux !)
Ce qui m'a beaucoup intéressée, c'est l'explication de cette excellente psychologue qui a expliqué les causes de la perversion narcissique. Ce qui veut dire qu'il nous appartient, à nous les parents, de savoir poser les limites aux débordement de nos enfants et de leur donner suffisamment d'amour et de confiance en soi, afin qu'ils ne développent pas ces comportements déviés et pervers. Bien sûr c'est le travail sur une génération !
Et je rencontre actuellement ce problème avec l'Aînée dont le comportement s'affranchit de toute mesure et de toute réserve. Elle est dans l'excès, dans le déni de ses erreurs, elle reporte sur les autres et son arrogance est très fréquente. J'ai du mal à communiquer avec elle car elle rejette tout ce que je peux lui dire. Je ne sais pas dans quelle mesure je dois attribuer son attitude à la crise d'adolescence, sachant qu'elle l'a commencée depuis ses 11 ans et qu'elle en a maintenant 15 !