On fait du bon travail
Mardi 17 septembre 2013
Avec ce psy, on fait du bon travail.
J'ai l'impression d'avancer à la vitesse éclair, bien que j'ai raté quelques séances. Je n'y étais pas allée durant les congés d'été et j'avais raté une séance pour cause d'entretien de recrutement à Paris. Ce psy-là ne parle pas beaucoup. Même très peu. Je n'aimais pas cela, je le trouvais froid, la vraie caricature du psy avec ses "Hum... hum ..." Mais quand il parle, il pose les questions essentielles. Pas une de trop. Il pose ZE question. Celle qui fait s'éclaircir tes pensées, qui fait fonctionner ton cerveau. Faire tous les liens des événements de ta vie et dénouer tous les noeuds.
Je le vois tous les mardi matin, avant d'aller en cours ou bien avant d'aller à mon stage. Nous en sommes à la xxxème séance. Il y a quelques semaines, j'avais évoqué le côté manipulateur de PN avec beaucoup de prudence, sans m'appesantir dessus, car j'ai l'expérience de professionnels qui - me semble-t-il - ne croyaient pas à ce que je disais. Puis au fil du temps j'avais détaillé les actes de PN envers moi, ensuite j'ai parlé de sa perversion narcissique. Il y a 2 semaines le psy a repris le terme "perversion narcissique", puis il a aussi évoqué ma souffrance. Moi, je me croyais davantage sereine. Mais entendre ce mot "souffrance" a fait monter les larmes en moi : J'en avais encore dans la besace. J'ai pleuré. J'ai dit ma souffrance, celle que j'avais subie pendant si longtemps et dont je ne parviens toujours pas à me débarrasser. Dans mon cas, je sais que le simple fait de pleurer suffit à m'alléger, sans avoir besoin d'explication. Ca part tout seul. Un peu comme en méditation : des choses se produisent sans que l'on comprenne comment et pourquoi. C'est étrange.
Puis ce matin, je lui ai raconté mon rêve de la semaine.
Je rêve depuis plus de 10 ans, peut-être 20, je ne sais même plus, que j'ai envie de faire pipi et que je n'y arrive pas. En fait, je trouve des toilettes mais qui sont d'une saleté inimaginable et d'une puanteur à vomir. Au fur et à mesure de mon travail de psychothérapie, les toilettes que je trouve sont de moins en moins sales, elles sont toujours publiques, mais au final, je ne parviens toujours pas à pisser. Je me retrouve dans un lieu ouvert et plein de monde, une fois j'ai rêvé que les sanitaires que j'avais enfin trouvés se transformaient en un placard de bureau open space et que je pissais assise dans un tiroir de bureau !
"Je ne parviens jamais à me soulager"
Le week-end dernier, j'ai rêvé qu'avec deux copines de formation, après le sport ou bien les cours, nous allions nous doucher. Les douches sont immenses alors que sur le campus les douches dans les parties communes sont minuscules. Je leur dis que je dois d'abord aller aux toilettes. Je trouve des toilettes toutes propres, elles ressemblent aux chiottes des magasins sur les aires d'autoroute, celles-ci sont très propres mais vieilles et rouillées. Pendant que j'urine, tout autour de moi tremble. Les toilettes se séparent des douches et, telle une soucoupe volante, une partie de l'immeuble s'envole dans le ciel. Moi, je m'accroche à ma faïence, et je tente de ne pas faire pipi à côté !
Le psy : "Qu-est-ce que vous évoque ce tremblement ?"
Moi : "Rien en fait."
Entretemps, comme je parle quand même beaucoup, nous abordons beaucoup de thèmes, dont ma peur de conduire. Nous revenons sur le contexte de la survenue brutale de cette phobie sur le périphérique au niveau de la porte des Lilas ou du Pré-Saint Gervais. J'avais l'Aînée dans la voiture, elle avait 4 mois et je l'emmenais la montrer à mes collègues. Peur. Maternité.
Le psy me demande de revenir sur mon rapport à ma mère. C'est une femme qui a peur de tout. Beaucoup de choses dans le monde représentent pour elle un danger. Je suis quelqu'un de franc du collier, mais je ne peux pas lui dire d'arrêter d'avoir peur, car elle a connu des choses difficiles dans sa vie personnelle et je pense qu'elle n'est pas en capacité de se faire aider et d'évoluer et d'arrêter d'avoir des à-prioris sur un tas de sujets. Donc je m'interdis de tout lui dire. ... Ca y est ! Et la lumière fut. le lien est fait.
Le psy : "Si vous deviez parler à votre mère, que souhaiteriez-vous lui dire ?"
Et là, je lui parle comme si elle était devant moi.
Moi : "Maman, arrête d'avoir peur de tout et de tout le monde. Les gens ne te veulent pas forcément du mal. Fais confiance aux autres. Arrête de t'accrocher aux objets et à l'argent. Arrête de te plaindre du cousin Bob quand tu me téléphones. Etc."
Nous dépassons la demie-heure de séance mais le psy me laisse parler librement. Elle se termine là-dessus.
Pour moi, une chose incroyable s'est produite. Je suis contente. Je crois que le psy aussi. Bien sûr, je ne sais pas si c'est cela qui me freine depuis tant d'années, de manière inconsciente, mais j'ai avancé.
Avec l'avocate aussi on fait du bon travail
Je ne parle pas beaucoup de mon avocate car, malheureusement elle intervient évidemment pour les questions concernant mon divorce et donc, ce n'est jamais très réjouissant dans la mesure où je dois me battre contre PN. PN qui a maintes fois fait des manigances, refusant de me payer ma première pension alimentaire prétextant que le mois n'était pas complet et qu'il ne me devait rien, envoyant des huissiers chez moi pour m'enjoindre à reprendre le divorce et à payer la totalité des frais d'avocats comme c'est moi qui suis à l'origine de la demande, et aussi à payer les frais de trains pour les enfants comme c'est moi qui suis partie à 400 km, etc. Quand je dois rassembler toutes mes factures de charges et mes revenus, c'est très pénible. Dans ces moments-là j'aurais voulu ne m'être jamais mariée.
Je n'arrive pas à voir le bon côté des choses, que mon avocate est là pour me défendre contre PN. Que c'est elle qui va me sortir de là. Que son travail est important. En fait, elle me rappelle à la réalité de mes souffrances.
Au départ de notre rencontre, tout s'était passé très vite. Beaucoup trop vite. Pour mon avocate, le divorce était entendu dès la première rencontre, c'est normal c'est son travail, c'est son quotidien. En revanche, Pour moi, c'était très brutal. Même si j'étais en grande souffrance en présence de PN, je ne me voyais pas exploser la famille que je formais avec lui. Ce n'était pas dans mon image idéalisée du couple et de la famille. Les fers étaient solidement attachés. Mais j'avais besoin d'intégrer et de digérer l'idée de la séparation. Du coup, j'avais eu le sentiment de subir ce divorce. Je me faisais violence pour téléphoner à mon avocate.
Puis, au fil du temps, ma confiance en elle a grandi. Aujourd'hui j'accueille ses appels avec sérénité. Et je ne mets plus des semaines à composer son numéro. C'est une femme très énergique et souriante. Je suis très admirative de son énergie, je ne sais pas comment elle fait. Au début, je pensais que c'était feint, je ne savais plus faire confiance, puis à la longue, j'ai senti de la sincérité. Et je me dis aussi qu'elle ne peut pas se permettre de flancher quand ses clients sont déjà dans le désarroi. C'est son propre dynamisme qui tire ses clients vers le haut. Ici il ne s'agit pas de droit des affaires mais de la famille, avec tous les aspects émotionnels que cela représente. Alors il lui faut montrer professionnalisme, détermination et infaillibilité.
Avec mon avocate, on fait du bon travail.