Du baume au coeur
Mercredi 25/04/12
Depuis quelques temps, ma confiance en la réussite à mes concours est fortement altérée, en effet, mon moral était au plus bas et j'ai toujours le plus grand mal à me concentrer et faire travailler ma mémoire. Plus encore, je ressens bien que mon mental trébuche sur l'apprentissage, je suis en pleine procrastination, je n'arrive pas à m'y mettre, j'ai des wagons entiers de retard dans mes révisions. J'ai l'impression que mon cerveau refuse catégoriquement de retenir quoi que ce soit.
Depuis deux jours, j'ai repris l'application de la méthode Coué et je réussis à me mettre presque dans le même état d'esprit de confiance et de foi qu'à la période des pré-concours de l'année passée. Ca va un peu mieux, je suis moins nouée. Il y a quelques jours encore, me lever et vivre ma vie était un calvaire. Ma poitrine était constamment opprimée. J'ai toujours des crises de pleurs le soir toute seule. Mais ça va mieux. Comme si je me vidais de toutes ces larmes.
Il y a 3 ou 4 semaines, nous passions la 2ème série de concours blancs. La dissertation de culture générale portait sur le rapport au temps, vivre au jour le jour, regretter le passé et craindre l'avenir. Le sujet me parlait bien, évidemment, puisque la vie au jour le jour avait été le fondement-même de ma vie durant les violences de PN (mon futur ex-mari appelé pervers narcissique) avant que je puisse le fuir.
En tant qu'étudiante ici à l'école, je me sens plutôt mauvaise, je ne possède pas assez de matières, de connaissances pour nourrir mes devoirs. Je m'enfonce à chaque intervention de mes camarades en cours car je ne possède pas le dixième de leurs savoirs. Durant 5 heures, j'ai construit ce devoir sans stress et avec la volonté d'y mettre le meilleur de moi-même. "Je ne sais rien, mais je dirais tout !", c'est mon crédo. Je n'avais même pas eu le temps de rédiger la conclusion.
Cet après-midi, le prof rendait les corrections, celui-là même qui avait fait partie de mon jury à l'oral précédemment et qui m'avait "affichée" devant tout le monde dans l'amphithéâtre en critiquant ma présentation plate et mon attitude de "sumo". Aujourd'hui, il a donné le corrigé-type du sujet : j'étais démoralisée et décomposée et n'avais même pas envie de lire son texte ! Et je pensais que j'en avais vraiment marre de cette formation et d'être constamment évaluée. Puis le prof a sorti de la pile de devoirs 3 copies en disant que l'une d'elle était vraiment bien construite et très brillante. A cet instant-même je pensais en mon fort intérieur : "Ca ne risque pas d'être moi !"
"Lola ! Elle est où, Lola ?"
Je lève le doigt, complètement surprise !
Le prof : "Vous avez fait une démonstration très brillante. Permettez-vous que je lise votre devoir à tous ?"
Moi, souriante et les yeux écarquillés : "Oui, bien sûr !
Le prof : "Elle a parfaitement compris la problématique, il s'agit du rapport au temps. Son plan est construit en 3 parties, c'est très intelligent. Moi, j'adhère complètement à ça. Si je devais rédiger ce sujet, je n'aurai pas fait autrement. Ecoutez voir. Prenez des notes, je vous lis son plan."
Et il dicte le plan détaillé de mon devoir.
Durant tout ce temps, je souris bêtement, les yeux ahuris. Mes camarades se retournent vers moi pour me faire des clins d'oeil ou des sourires complices. Certains, jusqu'à présent ne me calculaient même pas, moi la mère de famille avec ses 3 enfants. Mon voisin me dit : "Lola, c'est champagne obligé ce soir !" Pendant que le prof me parlait, tout enthousiaste, mes mains tremblaient tellement que je devais coincer ma main droite sous mon bras gauche. Au milieu de la lecture, mon voisin - qui est un bon élève - me dit encore avec une moue d'admiration : "C'est vrai qu'il est solide, ton plan."
Il faut dire que le plan en dissertation constitue la colonne vertébrale et prédétermine le reste du devoir. Habituellement il est construit en 2 parties, mais en philosophie, il est apprécié qu'il le soit en 3 parties,ce qui n'est pas toujours aisé en fonction de la démonstration contradictoire. Moi, j'avais décidé de parler dans la 3ème partie de la liberté ou au contraire de l'aliénation que constituait la vie au jour le jour.
Auparavant, devant tant d'éloges, mon coeur aurait explosé de joie, mais, de fait, j'ai tellement morflé dernièrement que je n'arrive plus à ressentir des émotions fortes et bienfaisantes. Je suis contente, c'est tout. Je suis aussi très surprise. J'avais donné le meilleur de moi-même et je l'ai bien fait. Je n'ai cité aucun auteur, édicté aucune notion abstraite, mon point faible. Mais le prof a dit que les autres devoirs faisaient bien montre de connaissances d'auteurs et de notions qu'ils avaient saupoudrés, sans avoir réussi à les articuler ensemble. Moi, j'ai juste tenté d'apporter la meilleure réflexion que j'ai pu en puisant au fond de moi tout ce que je savais.
Je ris encore en y repensant car en écoutant le prof détailler les différentes parties de mon devoir, je ne me rappelais plus ce que j'avais voulu dire ! Mon voisin répète mes phrases et me dit : "Ouais, c'est fort, ça !". Et pourtant, je n'avais pris aucune substance illicite, lol ! A la pause, les camarades viennent me voir les uns après les autres, me caressent le bras, me donnent une tape amicale sur le dos, me félicitent. Ils demandent à lire ma copie. Je suis la star !!! Je n'en reviens pas ! Pourtant, je n'ai pas obtenu la meilleure note, j'ai eu 13/20 et la meilleure note était 14, la moins bonne étant 7. Mon argumentation était parfois "décentrée" me dit le prof.
Si je parviens à réitérer la même performance le jour-J, ce serait génial ! La culture générale est de coefficient 5. Ca vaut le coup !
L'exemplarité
J'ai encore cours de 17h à 19h, mais je repasse à la maison pour raconter tout cela aux enfants. J'ai envie qu'ils soient fiers de leur mère. L'Aînée est au cinéma avec ma permission. Seuls les jumeaux sont présents, qui m'avaient fièrement annoncé qu'ils avaient eu 18 et 20/20 ce même jour. Nous sommes tous heureux, finalement ! Je leur lis mon devoir, je les saoûle un peu avec mon histoire. Je le raconterai aussi le soir à l'Aînée qui se montrera sincèrement contente pour moi malgré nos différends récurrents.
Réflexions sur ce fait
Très honnêtement, j'étais brillante, enfant. Puis cela a décliné et je ne me suis plus tard pas sentie forcément intelligente, académiquement parlant. Cela a longtemps été une problématique secrète. Un complexe d'infériorité, un regret qui a perduré.
Récemment, plusieurs choses m'ont prouvé le contraire. Je n'ai pas compris comment j'ai pu arriver première au concours de secrétaire médicale sur 650 candidats, dont c'est le métier pour certains. Ce n'était pas le mien et j'avais dû ingurgiter en deux mois deux livres de terminologie médicale. Cela, en pleine période de concours de catégorie A (ça a aidé) et en période de violence aiguë de la part de PN (cela n'a pas aidé !) Et puis aujourd'hui, cette excellence soulignée par le prof. C'est comme une revanche. Je ne sais pas quelle est la part de miracle.
En tous cas, cela vient à point pour me remonter le moral et me redonner confiance.
Commentaires
Chère Lola,
Comme ça fait plaisir de lire ton dernier message.Bravo pour TA réussite!
Ce genre d'événement c'est en effet du baume au coeur, un peu d'huile sur des plaies vives.
La providence nous envoie des circonstances qui aident à rester debout.Toi qu'on a voulu rabaisser, tu te retrouves le centre de l'attention!
Et puis tu as plein de gens derrière toi : ta famille, tes amis et tes supporters derrière leur écran qui ne prennent pas ta souffrance à la légère et ne doutent pas un instant de tes capacités.
Bien amicalement.
Et bien dis donc ! Être la star comme ça ! Et en plus, l'appréciation des autres élèves. C'est un vrai cadeau. Profites-en bien. Garde-le bien dans ta boîte aux souvenirs, à ressortir en cas de coup dur !
Bisous.
yOuh Ouh clAp clAp !! à ta place, j'aurais été rouge écarlate ! c'est super chOuette dis donc, bravo à tOi :-D