Ce serait donc la dépression ?
Etait-ce la dépression ?
Depuis ce matin, je suis à la télévision l'investiture du nouveau président de la République François Hollande. Le journaliste décrit alors le départ de l'ancien président qui, dit-il, après une longue période d'hyperactivité et de stress, risque de tomber dans une forme de dépression s'il ne retrouvait pas une autre activité compensatrice.
Du coup, j'ai pensé à la cause de mon état de tristesse prolongé que je ne comprenais pas et que je ne nommais pas dépression (voir cette note). Si je l'avais su, j'aurais peut-être demandé à un médecin la prescription d'un anxiolytique pour y faire face. Quelques lecteurs de mon blog m'avaient soufflé cette même raison, la dépression post-traumatique. Il m'est arrivée, pour insérer un lien, de retomber sur les notes sur les scènes de violence du passé (à partir de mars 2011). Cela me dérange toujours autant de les lire. En fait, je ne les lis pas, je survole à peine.
Effectivement, face à ces agressions quotidiennes, j'ai pu tenir en développant une sorte de carapace. Toute mon énergie était concentrée sur le fait de résister aux attaques de PN (mon futur ex-mari appelé pervers narcissique), je savais à quelle heure il allait frapper. Je savais plus ou moins ce qu'il allait dire. C'est comme si tout mon corps était arquebouté, tendu à l'extrême, dans un état de vigilance et de défense permanentes.
Une fois que j'étais enfin partie de ma maison, à l'abri de PN, toute cette tension était retombée. J'ai été comme vidée. Je me sentais totalement vide, un corps en creux et qui résonne. Pas de joie. Pas de haine. Rien. Décompensation totale. Comme je ne revois plus mon psy, sans sa lecture analytique, il est des évidences que je ne découvre que maintenant. Heureusement, ce corps vide (et l'esprit bien sûr) ne se remplit à nouveau maintenant et petit à petit.
L'autre jour, je n'étais pas allée à un cours de droit. J'avais déposé les enfants à l'école à 8h et je me suis arrêté à ce petit marché où j'ai désormais mes habitudes. Durant une heure, j'ai acheté des produits frais du coin, j'ai pris comme d'habitude mon pochon de mesclun qui vient de Pacé, la commune voisine, des tomates coeur-de-boeuf du papi bavard, des pleurotes à la maraîchère que je prends toujours pour un homme, etc. Mon esprit était entièrement tourné vers mon marché. C'est aussi une forme de méditation, ou plutôt une attention. J'ai ressenti, en portant mon lourd panier, une légèreté et un bien-être bienfaisant. A ce moment-là, j'ai eu envie de rester vivre à Rennes.
Les makis
Comme notre planning est beaucoup moins chargé en cette fin de préparation, je passe du temps à réviser avec Rosy. Je discute aussi longuement avec Tal sur les méthodologies des différentes disciplines. Je m'aperçois que Tal me donne pleins de conseils stratégiques pour réussir un devoir même avec des connaissances moindres.
"Tal, tu sembles avoir vraiment envie que je revienne ici l'année prochaine !"
Effectivement, en cas de réussite à un concours, nous revenons en janvier 2013 pour la formation initiale à l'exercice de notre fonction. Tal veut me voir réussir. J'ai l'impression que nous partageons des valeurs communes. Samedi dernier, elle avait déposé chez moi une assiettée de crêpes. Nous avons passé un moment à discuter au soleil avec nos enfants autour nous, ainsi que les enfants des autres camarades. Ce soir, après les cours, j'ai réalisé quelques makis avec ce que j'avais sous la main : des feuilles d'algue, du rizotto que j'ai mélangé avec du riz thaï, du jambon de poulet, du concombre et de la mayonnaise. Tout cela est bien loin des véritables makis mais c'était très bon. J'ai rendu à Tal son assiette avec quelques makis auxquels j'ai rajouté du gingembre en vinaigre. Elle a adoré et m'a donné en retour deux paquets de feuilles d'algue qu'elle n'avait pas le temps d'utiliser.
Les révisions
Plus j'avance, moins je me sens bien. Le programme est d'une vastitude sans nom et que je suis bien loin de couvrir. J'essaie d'avoir confiance et j'avance quand même. Tout ce qui sera su sera acquis. On verra bien après. Mais j'ai quand même l'impression d'avancer dans le grand vide.
Depuis mon expérience de violence aiguë de la part de PN, lorsque j'ignorais totalement ce que je serais le lendemain, quel coup pendable il allait encore me faire, s'il n'allait pas se mettre à me frapper, si je n'allais pas devoir m'enfuir de la maison, j'avoue que j'ai appris à moins m'inquiéter face aux problèmes. Même si bien sûr il subsiste des peurs. Moi qui aime le confort des quotidiens ronronnants, je ne connais pas les contours de ma vie à 6 mois. C'est déjà un progrès sur le temps. Je ne sais pas encore si je vivrai en RP ou en Bretagne. Si ou bien quand je vendrai la maison. Quel métier j'exercerai à 6 mois. Je marche depuis un an sur un sol constamment mouvant. Je dois réajuster ma direction à chaque instant. Rien n'est tout tracé. Après tout, je fais l'expérience de l'impermanence, non ?
Commentaires
Tu décompenses, c'est normal cet état. Tout te saute à la figure mais d'une autre manière. Tu réalises ce que tu as vécu. Avant tu survivais au quotidien, d'où ce besoin de témoignage pour te prouver que tu existais. Maintenant, tu dois exister sans lui, il faut vivre, non survivre. Cela s'appelle le stress post traumatique. Peut être que tu fais une depression, peut être que c'est l'état d'anxiété généralisé qui a du mal à se regler alors que tu es sans danger. Ton corps réagit toujours de la même manière alors que tu vois bien que tout est différent. Tu combles tes habitudes en te surinvestissant dans ta nouvelle vie, tes exams et tout çà. Histoire de ne pas perdre l'habitude du stress et de la peur de rater. Maintenant va se poser la question devant toi du vide existentiel. Et oui, l'après PN est bien compliqué aussi. A bientot
Ca va se faire tout doucement avec le temps.
L'impermanence, oui, et la nécessité de vivre le moment présent. Pas facile ...
Bises
L'impermanence, je la comprends comme ne pas pouvoir maîtriser, donc se détacher et par la force des choses, devoir faire confiance, et alors lâcher prise. Que reste-t-il ? Simplement vivre.
Salut,
Je tombe sur ton blog, alors que je recherchais une aide éventuelle par le biais de groupes de paroles sur Rennes.
Si tu y habites toujours, j'aimerais pouvoir te rencontrer pour discuter de vive voix avec quelqu'un qui comprend ce que signifie être la victime d'un PN...
Ce n'était pas mon conjoint, mais ma mère. Aujourd'hui je ne la vois plus depuis 5 ans bientôt, mais malgré cela, je sens bien que l'emprise est toujours là, même si les choses sont tout de même nettement plus confortables aujourd'hui ! De temps en temps, je ressasse tout ce qui m'est arrivé, et j'ai vraiment besoin de partager ce que j'ai vécu avec d'autres victimes. J'en ai marre d'en parler à mes proches quand le sujet tombe sur le tapis, et de m'entendre dire "tu crois pas que t'exagères un peu ?" ou encore "oh, ta mère, c'était pas non plus un monstre ! Elle te frappait pas !"
Et ça, c'est quand tout va bien... Dans d'autres cas, je passe carrément pour une folle quand je dis que j'avais peur d'elle et que j'avais des hallucinations... Enfin bref.
Je me sens un peu seule face à tout ça, même si mon copain me soutient comme il peut. Mais il ne pourra jamais vraiment comprendre, j'ai l'impression. Et j'ai besoin de me sentir comprise... et même, de partager des anecdotes et mon vécu pour réellement identifier si ma mère est ou non une PN. Parce qu'encore aujourd'hui, même si tout ce que je lis partout (dans les bouquins, sur le net...) résonne en moi et me dit "oui ! ma mère est comme ça !", j'ai encore du mal à imaginer qu'elle peut être ce personnage si vide, si néfaste... Je n'arrive pas à me mettre dans la tête que ma mère n'est pas capable de m'aimer.
Enfin bon bref, je pourrais t'en raconter des tartines. C'est tellement "passionnant" et il y a tellement à dire...
Du coup, excuse-moi d'être si abrupte dans ma prise de contact, mais j'aimerais vraiment pouvoir échanger avec quelqu'un qui comprend.
Tu as mon mail avec ce commentaire normalement... Sinon je repasserai par ici de toute façon, je mets ton blog en favori.
Bonne continuation, bon courage. A+
Bonjour Aurélie,
Tu as manifestement besoin de parler, de raconter ton histoire, de partager des expériences. Pour faire sortir ce malaise sinon cette souffrance. Seul un psy connaissant le sujet te confirmera si ta mère est PN ou non. Pour ma part, tu comprendras que je si malheureusement très occupée ces derniers temps. Et dès le dernier concours fini, je devrais quitter Rennes. Souvent les associations ou les assistantes sociales connaissent bien le sujet. Je répondrai en MP dès que j'aurai un peu de temps.
Bon courage
bonjour lola , je vois que tu avances.
c est bien , sois courageuse.de toute façon fais d eton mieux et au moin tu ne seras pas deçu de toi meme.
ici (je ne sais pas si tu te rappel)
je suis marié avec un pn et nous avons 3 enfants j ai repris moi aussi des études cette année.
je vois que c est dur pour moi aussi , je suis dans la phase ou il est gentil et un jour ou deux après il pète un plomb sans raison apparente le pire c est que quand il est gentil je ne veux pas le quitter puis quand il fais ces crises c est clair que je me pose des questions.(c est de la vioences psy ) pas physiques.
je me sens perdu oscille entre le désir de partir et de rester je ne sais plus quoi faire j aimerais beacoup si tu le peux me donner quelque conseils.
merci
Ton mari applique la méthode : "une claque / une caresse".
Elle vise à te déstabiliser complètement, tu n'as plus aucune repères. Et comme les PN vont avec des personnes qui ont tendance à culpabiliser, alors tu vas chercher ce qui ne va pas chez toi, ce que tu as bien pu faire pour le mettre dans cet état-là, quelle faute tu as commise et à quel moment...
Mais te ne trouveras pas, car ce n'est pas là qu'il faut regarder. C'est SON attitude qui n'est pas cohérente. Et qui parvient à te mettre sous emprise.
Pour gagner contre PN, tu dois faire ton propre chemin, découvrir tes failles et alors les combler pour pouvoir lui résister et surtout partir. Fais toi aider par un spécialiste. Prépare ton chemin.
Amicalement
Le secret ptêt : ne pas anticiper (pour ne pas stresser) car il est vrai qu'en ce moment, avec le concours, tu ne peux pas planifier, projeter ton avenir.. D'où comme dit Quantique : se focaliser sur l'Instant Présent..qu'il soit heureux ou difficile.. Dans tous les cas, je pense que, même difficile moralement par moments, ta vie ne peut être que meilleure maintenant :o)
Et je pense qu'un traitement médocs pour t'aider à stabiliser ton humeur, ton moral et pour gérer ton anxiété quant au concours, aux révisions..
Gros bisous ma belle
PS : sinon que Rennes est une ville très agréable (j'ai vécu pendant 20 ans entre Saint Malo et Rennes ;o)
Moralement, ça va mieux. Mais c'est des très gros concours, il subsiste toujours une part de stress. A ce jour, je pense pouvoir gérer sans médoc. J'ai besoin de ressentir mes émotions pour les comprendre et les effacer.
Bon courage à toi aussi !
Bisous