Réalité
Mardi 16/10/12
J'ai de plus en plus de mal à faire des notes sur PN. Depuis mon retour à Paris, j'ai des contrariétés liées à lui mais je rechigne à les écrire, ça me saoûle. Je crois que j'essaie de me reconstruire et que j'ai envie de passer à autre chose.
Toutefois, je dois continuer à rédiger quelques temps car je souhaite témoigner de l'attitude d'un PN suite à une rupture. Cela pourrait servir à d'autres victimes pour anticiper leurs fuites.
En tous les cas, vivre seule avec 3 enfants reste une vraie difficulté, d'autant plus en passant des concours. Le moral est très sollicité, il tangue du désespoir à la confiance. La fatigue nerveuse et physique aussi. Financièrement, j'avais lu dans les études et je l'avais re-entendu en cours d'aide sociale, que les femmes élevant seules 3 enfants (pas 2 pas 4) constituaient précisément la catégorie sociale la plus vulnérable et précaire. Ce mois-ci, les règlements des mes factures dépassent largement mon salaire (l'orthodontie, la cantine, les charges, la nourriture, les activités extra-scolaires, les impôts qui incluent la part de PN, ....). Heureusement que mon frère m'aide, sinon je ne sais pas comment je m'en sortirais.
A côté de cela, ma vie sans PN est si bien, si sereine que je n'ai aucun remord sur la façon dont ma vie a tourné. Fin 2010 a été une année difficile, je découvrais l'existence de la maîtresse. 2011 a été l'année de l'explosion de violence de PN, une année très très dure et destructrice. Je ne sais pas comment j'ai réussi à tenir. PN se déchaînait contre moi, mais au mois de juin je savais que j'allais partir à Rennes, cela me donnait une ouverture, une lueur d'espoir. Durant les mois jusqu'au départ, PN était odieux et cruel. Il était fou. Fou de rage. Mes notes en témoignent. Sinon je n'arriverai pas à croire moi-même que j'ai réellement vécu tout cela. 2012 a été salvateur mais dans une ambiance de fatigue et de doute à cause des concours.
Ce soir, en rentrant lessivée du boulot, j'ai fait à manger, un filet mignon de porc rôti et des patates fondantes au beurre et aux herbes, c'était bon. Nous avons dîné tard car j'attendais que Jumeau revienne du foot. A table, nous avons beaucoup discuté, j'ai pu transmettre des valeurs et échanger des réflexions avec mes enfants, exactement comme les repas que j'idéalise.
Nous avons parlé de la drogue, les dures et les douces, de ses conséquences néfastes et de son interdiction. Jumeau et l'Aînée se sont demandés pourquoi alors l'alcool n'était pas interdit alors que les conséquences sur le comportement et sur la santé étaient irréfutables et même que c'était en vente libre. L'Aînée a fait le parallèle avec PN, son père et me dit qu'elle descend les sacs poubelles avec des bouteilles dedans quand elle est chez lui. Puis l'Aînée a discuté avec moi des premières relations sexuelles, et aussi d'excision.
Toutes ces discussions qui éveillent leur esprit critique diffèrent de ce que nous avions connu jusqu'à présent avec le comportement borderline de PN à la table familiale (voir les notes de 2011)! Le soir, je fais des maths avec les Jumeaux. Je privilégie ce temps partagé avec mes enfants par rapport aux révisions. Parfois il faut faire des choix.
J'apprends à tenir moralement envers et contre tout. Ce n'est pas une évidence. Je ne voudrais pas développer un cancer à cause de tout cela. J'aimerais du soleil dans ma vie. Un peu de douceur. Mais on dit que le but est le chemin. Pas l'arrivée. Le chemin lui-même. Alors je fait le pas de la foi.