Mercredi 1er août 2012
Parme
Après tergiversation, j'ai autorisé l'Aînée à aller une semaine à Marseille chez sa copine L. qui était venue quelques jours à Rennes, l'Aînée avait aussi déjà passé une semaine de vacances avec L. et sa famille juste après que nous soyons rentrés de Bretagne.
Le réveil sonne à 5h30 du matin, j'avais réservé un billet de train assez matinal afin de profiter quand même de mon mercredi avec les Jumeaux et ne pas passer la journée à Paris. Nous partons très tôt en transports en commun. Étrangement, PN a donné à sa fille 3 tickets de trains de banlieue, dont "un pour ta mère". Tu parles d'une participation, alors que j'ai payé l'aller-retour Paris-Marseille. Il lui a aussi dit les trains à prendre à tel horaire et les correspondances. Je suis surprise de cette avenance. Pour notre dénémagement de Rennes, il avait déjà envoyé maints SMS à l'Aînée pour nous indiquer les routes à prendre. Je ne sais pas trop ce que cela signifie et comment cela s'explique dans son esprit.
Sur le quai de la gare de banlieue, l'Aînée me dit encore, tout en regardant son téléphone :
"Papa dit que tu dois prendre le RER ..."
Cela m'agace : "Je prenais le métro il y a déjà 25 ans alors que ton père n'était pas encore sorti du fin fond de sa Bretagne !"
L'Aînée : "Oh mais c'est bon ! Pourquoi tu t'énerves comme ça !"
La femme fatale
Une fois les diverses recommandations faites et que l'Aînée est assise à sa place dans le TGV, je reste sur le quai de la gare. J'aperçois soudain un belle femme avancer sur le quai, un homme d'une cinquantaine d'année l'accompagne, un casque de scooter à la main. Elle est en robe noire cintrée et bien coupée qui lui descend à mi-mollet et tient dans sa main une pochette mauve, pas un sac à main, mais une pochette de soirée très élégante. Elle avance juchée sur des escarpins immenses à plate-forme couleur parme. Elle n'est pas commune. Elle a le physique et l'élégance de Fanny Ardant, avec un beau visage anguleux, de grands yeux noirs, une grande bouche sur un menton affirmé et une coiffure avec de belles boucles brunes. Elle n'a pas de bijoux, juste un maquillage léger. Elle est tellement belle que je m'écarte presque pour la laisser passer. Elle détonne parmi toute la foule de la gare. Je cherche où se cache Fellini ou Truffaut.
Alors je regarde l'homme. Quel genre d'homme fréquente une femme aussi extra-ordinaire ? Il est en costume élégant, de belle taille et corpulence, les cheveux grisonnants et barbu. Il ressemble à Antoine de Caunes. Il semble être (re)connu dans sa communauté puisqu'au moins deux personnes le saluent sur le quai. Assurément ils ne sont pas mariés, mais ce n'est pas une relation récente non plus. Il est attentionné sans trop en faire, une fois qu'elle est montée dans le train, il reste sur le quai, lui fait quelques signes. Jusqu'à ce que le train parte.
Depuis que ma relation s'est cassée avec PN, j'ai très souvent regardé les couples dans la rue, essayant de comprendre quelle sorte de relation les liait. J'ai souvent été surprise de la complicité qui pouvait les attacher. Évidemment, je n'avais pas longtemps partagé ce genre de complciité avec PN. Ne l'avais-je jamais eue d'ailleurs ?
La laisse
Je me souviens que très vite, dès les premières semaines de notre relation, PN jouait déjà à un jeu pervers que je comprends aujourd'hui. Il s'agissait vraiment l'étape dans la manipulation du pervers narcissique qui est totalement insidieuse car sourde et inexpliquée. PN m'emmenait à une gare, je ne sais plus laquelle, pour un déplacement professionnel. C'était en fin d'après-midi, un dimanche, il y avait un peu de monde sur la route. PN n'est pas du tout patient et je ne le savais pas encore. A deux routes de la gare, PN me demande de descendre, alors que nous sommes sur une avenue. Ainsi il ne perdrait pas de temps et j'irais plus vite à pied. Pourtant, nous n'étions pas du tout en retard.
Je m'offusque: Mais qu'est-ce qui te prend ? Ca ne va pas la tête ? Tu ne vas pas me laisser en plein milieu de la route !"
PN insiste et poursuit son jeu pervers. Je bouillonne à l'intérieur. Puis il dit
Bon, d'accord. Je t'emmène jusqu'à la gare !
Quand je suis revenue sur ce sujet, PN a éclaté de rire et m'a dit qu'il rigolait.
D'autres faits similaires se sont accumulés durant nos années de vie commune. Parfois, il m'accompagnait, d'autres fois non, si bien que j'étais constamment dans l'incertitude de son comportement. Je ne pouvais pas lui faire confiance. Ensuite, en 2009, quand nous avons commencé à prendre des vacances séparément, il nous emmenait les enfants et moi à l'aéroport en nous laissant à l'entrée ou encore sur le parking-minute. Quand j'ai su qu'en ce soir du 22/10/2010, alors que je l'attendais à la maison avec les amis ( IR et son mari, Ca et son mari Pa - aujourd'hui ces 4 personnes ne sont plus mes amis !) pour fêter son nouveau poste, PN raccompagnait son assistante allemande à Roissy et attendait avec elle jusqu'à ce qu'elle embarque ! alors j'avais pété un câble. Je crois que j'avais alors tout compris mais mon cerveau conscient le refusait, et menée en bateau par PN, j'avais encore douté.
Quand je repense à tout cela, je me dis que PN avait bien réussi à bétonner chaque jour son emprise par tout un tas de jeu comportemental qui m'a déstabilisée et m'a fait, un temps, ne plus y voir clair. Il avait réussi à me tenir en laisse, donnant du lâche parfois, tirant à lui d'autres fois. Aujourd'hui je me méfie des hommes parce que je crois qu'ils sont comme PN. C'est pour cela que je suis surprise lorsque je vois un couple se parler normalement et avec complicité !
Aujourd'hui je peux dire que je lâche prise dans le domaine affectif. Je ne cherche pas à être avec quelqu'un. Bien sûr, cela m'a manqué. Et ma relation avec le Rennais était juste physique, d'ailleurs je n'ai jamais réussi à percer sa personnalité simple en surface mais complexe au fond. Je pense que je regarderais encore d'autres couples dans la rue, avec des yeux étonnés.
Blanc
En rentrant de la gare de Lyon, je m'arrête prendre des viennoiseries pour les jumeaux que je crois encore endormis, mais ils m'accueillent avec des grands sourires, ils avaient déjà pris leur petit-déjeûner. L'après-midi, comme il fait beau, j'entretiens mon jardin, je tonds la pelouse et taille les haies, pendant que les Jumeaux jouent autour de moi. Je fais attention à ne pas trop solliciter mon dos et ne pas faire d'élongations avec les bras et ma colonne vertébrale.
Je suis debout sur l'escabeau à tailler un joli plateau à ma haie de pyracanthas. Jardiner a toujours été un grand plaisir pour moi. Comme disait la mère de PN, cela vide la tête, et j'en ai bien besoin en ce moment avec ma problématique du lâcher prise. Je pense à trop de choses, à mes révisions de concours, l'éventuelle vente de la maison, à ma vie inconnue dans 6 mois, à toutes ces incertitudes.
Instant présent / Méditation
Tout à coup, un petit papillon blanc passe à côté des lames de mes cisalles. Je m'arrête pour le regarder. Je souris. Mes pensées stoppent. Tout s'est immobilisé en moi et autour de moi. Il n'y a que ce papillon qui virevolte. Je me sens soudain apaisée et légère. Je jouis de l'instant présent. Alors je pense à Vanessa du blog. Juste comme ça. Joie de communier par la pensée (vanessa est un nom de de papillon). Le papillon passe et je reprends mon activité. Ensuite il revient longuement me taquiner. Mon coeur sourit. Je me dis que ce n'est rien d'autre que cela, la méditation. Ces secondes où le mental n'est pas traversé par des pensées encombrantes, tel un bout de bleu dans le ciel entre deux nuages.
Ce que je me dis ? Que c'est simple, la méditation. Que je peux la refaire. Que je dois arrêter de me dire : "Je n'y arrive plus."